Textes récents et chansons

  1.  Vingt ans 
  2.  J'aurais pu dire 
  3.  Illusions 
  4.  Peut-être 
  5.  Il a ... 
  6.  Dernier puits 
  7.  Grandeurs 
  8.  Soldes à gogo 
  9.  La foule 
  10.  Insatisfaction 
  1.  Jacquard a dit 
  2.  Avec toi 
  3.  Petite fille 
  4.  Vague à l'âme 
  5.  Orage 
  6.  La marge 
  7.  Voyager 
  8.  Tant pis pour dieu 
  9.  Derrière chez moi 
  10.  Blonde, brune, rousse 
  1.  Fables 
  2.  Chienne de vie 
  3.  Tu es parti  
  4.  Lorelei 
  5.  Ivresse 
  6.  Apprendre 
  7.  Tes yeux 
  8.  Etranger 
  9.  Hospice 
  10.  J'ai grandi 
  1.  Les statisticiens 
  2.  La dame blanche 
  3.  Télévision 
  4.  Le poète 
  5.  T'as perdu 
  6.  Création 
  7.  Journée pédagogique 
  8.  Désert 
  9.  Tes racines 
  10.  A toi 
  1.  Révolte 
  2.  Chaud et froid 
  3.  Endormissement 
  4.  Réveil 
  5.  C'est l'été 
  6.  Menteurs 
  7.  Démocratie 
  8.  Eduquons 
  9.  Divin divan 
  10.  Homme d'aujourd'hui 
  1.  Fukushima 
  2.  Pourquoi ? 
  3.  Poésie Danger! 
  4.  Renaissance 
  5.  La poésie 
  6.  Game over 
  7.  Manipulations 
  8.  Mots-lions 
  9.  Déception 
  10.  Premier sonnet 
  1.  Illusion numérique 
  2.  Petits pas 
  3.  Avant  
  4.  Divine 
  5.  Les pinocchios 
  6.  Zénitude 
  7.  Escrocs 
  8.  L'homme debout 
  9.  Hypocrisie 
  10.  Rupture 
  1.  Simplicité 
  2.  Peut-être 
  3.  4 h 89 
  4.  Poème sans fin 
  5.  Rien 
  6.  Folie 
  7.  Compte de fée 
  8.  Terminus 
  9.  La vie, ici et ailleurs 
  10.  Miyamoto Musashi 
  1.  Réchauffement 
  2.  Rencontre 
  3.  Jour gris 
  4.  Inspiration 
  5.  Réalité 
  6.  Promenade 
  7.  Précautions 
  8.  Muse fantasque 
  9.  Dans l'retro 
  10.  Paroles inutiles 
  1.  Trop facile 
  2.  La vérité 
  3.  Kashmir 
  4.  Symétrie 
  5.  Naissance 
  6.  Jouissance 
  7.  J'ai laissé 
  8.  Leur vérité 
  9.  Femmes 
  10.  Arconce 
  1.  Ode aux E.G.M. 
  2.  Le e-voyage d'Ulysse 
  3.  A vot' bon coeur 
  4.  La couventine 
  5.  Changer de tête 
  6.  Lady 
  7.  Sérénité 
  8.  Menace 
  9.  Innocence 
  10.  Libre 
  1.  Attraction lunaire 
  2.  Théâtre 
  3.   
  4.   
  5.   
  6.   
  7.   
  8.   
  9.   
  10.   
VINGT    ANS




Vingt ans,
Ça dépend comment tu y'arrives,
Esprit petit, esprit chagrin,
Ou bien…
Du soleil plein les yeux.

Trente ans,
Ça dépend comment tu y'arrives,
Le ventre plein et les yeux creux
Et déjà de la peine à suivre,
Ou bien...
Rien à foutre des dieux.

Quarante ans,
Ça dépend comment tu y'arrives,
Le regard des autres dans tes yeux,
L'envie d'être toujours comme eux,
La machine qui te lamine,
Ou bien...
Vivre sans bénéfice,
Oser et jeter le factice,
Vers l'avenir majestueux.











Cinquante ans,
Ça dépend comment tu y'arrives,
Courbé et marqué sur l'échine,
Muet d'avoir jamais rien dit,
Tremblant de regarder Paris,
Ou bien...
Le regard droit,
Vouloir toujours aller plus loin,
Comprendre et se laisser surprendre,
Rêver comme rêvent les enfants.

Cent ans
Ça dépend comment tu y'arrives,
Les yeux fermés, le dos voûté,
D'en avoir trop souvent bavé,
Ou d'avoir trop mis de côté,
Ou bien…
Du printemps dans tes cheveux blancs,
Un pied de nez à tes enfants,
Et tes volets qui claquent au vent,

Vingt ans, trente ans,
Cinquante ans ou cent ans,
N'oublie pas de marcher devant,
N'oublie pas pour être vivant,
N'oublie pas de sortir du rang.




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J'AURAIS PU DIRE



J'aurais pu dire de tes yeux,
J'aurais pu dire qu'ils sont trop bleus,
J'aurais pu dire de tes mains,
J'aurais pu dire, mais ne dis rien,
J'aurais pu dire, j'aurais pu dire,
J'aurais pu dire, tu peux sourire,
Mais je n'ai pas osé te dire.

J'aurai pu dire ces trois fois rien,
J'aurai pu dire ton air mutin,
J'aurais pu dire ton regard doux
Qui me transperce et me rend fou,
J'aurais pu dire, j'aurais pu dire,
J'aurais pu dire, tu peux bien rire,
Mais je n'ai pas osé te dire.






J'aurais pu dire, de ton corps,
J'aurais pu, encore et encore,
J'aurais pu dire, de ton âme
J'aurais "ad vitam aeternam"
J'aurais pu dire, j'aurais pu dire,
J'aurais pu dire, à faire rougir,
Mais je n'ai pas osé te dire.

J'aurais pu dire, de mon désir,
J'aurais pu dire, tu es la flamme,
J'aurais pu dire, à la folie,
J'aurais pu dire, tu es de la femme,
J'aurais pu dire, j'aurais pu dire,
J'aurai pu dire et je soupire
Car je n'ai jamais su te dire.
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ILLUSIONS



On se prendra pas pour Hugo,
On n'alexandrinera pas,
Tant pis si nos vers sont bateaux,
Et nos rimes de cinéma,
Mais on écrira tout de même,
Des phrases qui sonnent comme des poèmes,
Et qui promènent et qui emmènent,
Chez Clio et chez Melpomène.

On se prendra pas pour Villon,
Avec nos semblants de chansons,
Pourtant on prendra le crayon,
Et on noircira le brouillon,
Pour effacer les matins blêmes,
En raturant quelques "je t'aime"
Avec un air un peu bohème,
Pour les yeux d'une bohémienne.

On se prendra pas pour Rimbaud,
Il est bien trop loin son bateau,
On restera seul sur la rive,
Quand on aura le mal de vivre,
Et dans la fumée des tempos,
On planera sur un solo,
On cassera le vieux piano,
Et on grillera la sono.






On se prendra pas pour Ronsard,
En faisant pleurer la guitare,
Four cette fille de hasard,
Pour cette femme un peu trop star,
Mais on fera semblant d'y croire,
En regardant loin des miroirs,
On cherchera un peu d'espoir,
Pour fuir encore cette nuit noire.

On se prendra pas pour Hugo,
On se prendra pas pour Villon,
On se prendra pas pour Rimbaud,
On fera même pas illusion.

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PEUT-ETRE



Quand tu dis oui,
C'est sûr, c'est oui,
Quand tu dis non,
C'est bien fini,
Tu dis peut-être,
C'est sûrement non.

J'aurais aimé moins de peut-être,
A force, ça me monte à la tête,
Ça tourne comme un tourbillon,
Ça tourne au fond d'mon corbillon.

Quand tu dis oui,
C'est sûr, c'est oui,
Tu dis peut-être,
C'est sûrement non,
Quand tu dis non,
C'est bien fini,




Ça danse, ça ne tourne pas rond,
Et puis soudain, ça tourne en rond,
Il y'a des murs qui se rapprochent,
Y'a des murmures, y'a des reproches.

Quand tu dis non,
C'est bien fini,
Tu dis peut-être,
C'est sûrement non,
Quand tu dis oui,
C'est sûr, c'est oui,

Ça a le goût de paradis,
C'est la semaine des quatr' jeudis,
Ta banque qui me fait du crédit,
Mais tu ne dis pas souvent oui. (bis)

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IL   A …


Il a de grands chevaux, il a de beaux troupeaux,
Belle chaumière et mille arpents de terre,
Une forêt qui court jusqu'à la mer.
Et vous la belle, qu'allez-vous lui donner ? (bis)
- La première lui donna un baiser…
Cela n'a pas suffit (bis)

Il a de grands coteaux, il a de belles caves,
Plusieurs cents de tonneaux et grenier plein de blé,
De l'or dans ses coffres, de l'or dans ses mains.
Et vous la belle, qu'allez-vous lui donner ? (bis)
- La deuxième lui donna son corps…
Cela n'a pas suffit (bis)

Il a un peu d'esprit et de patience aussi,
Il a le regard fier, il a le regard droit,
Il sait parler et il sait écouter.
Et vous la belle, qu'allez-vous lui donner ? (bis)
- La troisième lui donna son âme…
Cela n'a pas suffit (bis)







Il a les bras solides, il a le cœur ardent,
Il chante pour l'oiseau et sait parler au vent
Il sait rire ou pleurer, être homme ou bien enfant.
Et vous la belle, qu'allez-vous lui donner ? (bis)
- La suivante lui donna son cœur…
Cela n'a pas suffit (bis)

Il avait des chevaux et d'immenses troupeaux,
Il avait belle cave et grenier bien rempli,
Il avait le cœur vaste et l'âme bien trempée.
La dernière lui donna un baiser, son corps,
Son âme et puis son cœur,
La dernière lui a tout donné…
La dernière lui a tout pris…
La dernière lui a tout donné…
La dernière lui a tout pris…

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DERNIER  PUITS



Au fond de la mine, pas de mémoire,
Pas de querelle et pas d'histoire,
Tous les hommes ont un masque noir,
Tous les pays sont bord de Loire. (bis)

On a béni le premier puits
Pour chasser les mauvais esprits,
On a beau être grand et fort,
On pense souvent à la mort. (bis)

Toute une vie au fond d'un trou
A se battre avec les cailloux,
le corps devient parfois si lourd
Mais les cœurs font briller le jour. (bis)

Coûte que coûte, vaille que vaille,
Il faut abattre la muraille,
A coup de pics, à coup de chaînes
Et le wagon charrie la peine. (bis)

Un jour la terre devient colère,
La terre secoue ses entrailles,
Elle réclame son salaire,
Elle veut son jour de funérailles. (bis)

Mais le «Polak», comme on le nomme,
Ce jour-là a tenu la voûte
Pour laisser passer tous les hommes,
Pour tenir ouverte la route. (bis)








Quand le boyau s'est effondré,
On savait qu'il était resté,
Que la terre s'était payée,
Mais elle n'a pris qu'une jambe broyée. (bis)

Et la terre encore a grondé
Puis enfin elle s'est apaisée,
Il a fallu y retourner,
Au dehors, les femmes ont priés. (bis)

Depuis ce jour, tout a changé,
La vie parfois, semble arrêtée,
Les journées sont beaucoup plus longues,
Mais il faut bien suivre la ronde. (bis)

Les temps se sont modernisés,
Les machines sont arrivées,
Le vieux cheval est remonté
Presque aveugle et bien fatigué. (bis)

Et le charbon, ce mal-aimé,
Ce diamant qui chauffait les corps,
Ce diamant qui chauffait les cœurs,
On a fini par l'oublier. (bis)

Un à un, les puits ont fermé,
Et puis … ça devait arriver,
On a bouché le dernier puits...
Et on a vu des hommes pleurer. (bis)

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GRANDEURS



Quinze milliards d'années,
C'est l'âge supposé
De ce bel univers.
Et toi le vieil enfant
Qui vivra bien cent ans
S'il te faut un repère :
Imagine une route
De quinze kilomètres,
Ta pauvre vie, à peine
Dixième de millimètre.

Mais ne soit pas perdu,
Effrayé et fourbu,
Car ta tête est bien faite :
Cent milliards de neurones
Qui se trouvent, qui se clonent
Pour une immense quête,
Pour comprendre la fête
Des soleils, des planètes,
De ce monde en goguette,
Le cul par dessus tête.

Dans ce bel univers,
Cent milliards, pour le moins,
De galaxies secrètes
Comme autant de témoins.
Et notre Voie Lactée
Et ses milliards d'étoiles
Semblables à des soleils
Entourés de planètes
Qui un jour sans détour
Ne seront plus muettes.







Alors n'écoute pas
Les mages et les prélats
Qui disent "cette vie
Ne nous concerne pas".
Ne te retourne pas,
Ne compte pas tes pas,
Viens comprendre tout ça.
Cherche encore une fois
Et laisse les croyances
Au rang des idées rances.

Et laisse les croyances
Au rang des idées rances...
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        SOLDES  A  GOGO



C'était la grande saison des soldes,
Des super plans, des bonnes affaires,
La livraison était gratuite,
Sous vingt-quatre heures assurément.
De clics en clics, j'ai commandé,
Des tas d'objets, des tas d'articles,
Tous fantastiques certainement,
Tous inutiles évidemment :

Un sixième téléphone-objet,
Des casquettes et des rouflaquettes,
Une télé encore moins bête,
Des ceintures et des confitures,
De la fumée pour faire écran,
Des oiseaux qui s'éclairent la nuit,
Des stylos et des bigoudis,
C'était pas cher, c'était joli.

Reprise du 1.

Une liquette et des chaussettes,
Des fleurs et des aspirateurs,
Des draps de bain et du satin,
Une nuisette pour ma jolie,
Des guitares et des parapluies,
Des rasoirs et des ascenseurs
Et aussi des réveille-matin
Et un fil à découper l'heure.










Reprise du 1.

Fallait pas rater l'occasion,
Ça ne se reproduirait pas,
Mais après quelques réflexions
Je me suis dit "J'me fais avoir".
Alors là j'ai tout annulé,
De clics en clics tout décoché,
La livraison seule est restée,
La livraison était gratuite.

Et comme je n'ai rien commandé,
Le brave facteur m'a apporté …
Un joli colis vide,... un joli colis vide.

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         LA   FOULE

La foule cannibale,
Ce soir se rend au bal,
S’enivrer de cymbales,
De musiques à deux balles.

La foule carnivore
Assoiffée de "encore",
Veut changer de décor
Et se vider le corps.

La foule en oraison
Se met au diapason
Et tombe en pâmoison
Au rythme des zonzons.

La foule hypnotisée,
La foule électrisée,
La foule cancérisée
Appelle la nausée.

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INSATISFACTION


J'ai mal de n'être que moi,
J'ai mal et ce n'est pas ta faute,
J'ai mal de n'être que moi,
Je voudrais être tous les autres.

Je voudrais jouer du hautbois,
Du saxo, de la clarinette,
Je voudrais danser avec toi,
Je voudrais être malhonnête.

J'ai mal et ça ne se voit pas,
Je suis caché au fond de moi,
Ma guitare pleut avec moi,
Et sa pluie efface ma voix.





J'ai mal jusqu'au bout de mes doigts,
J'ai mal et personne ne me voit,
Alors je joue n'importe quoi,
Je joue pour un orphelinat.

J'ai mal d'être seul avec moi,
J'ai mal à force d'avoir froid,
J'ai mal de n'être pas toi,
Toi qui voudrais bien être moi.

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JACQUARD  A  DIT


Refrain :

Jacquard a dit :
"Levez la main droite,
Si vous voulez donner votre avis".
Jacquard a dit :
"Et la gauche aussi,
Si vous tenez encore à la vie".

Jacquard a dit :
"Notre pauvre monde
N'en finit pas de creuser sa tombe".
Jacquard a dit :
"Notre pauvre terre,
Aujourd'hui, met genoux à terre".

--> R

Jacquard a dit :
"Les idées se battent,
Et il faut redonner les cartes".
Jacquard a dit :
"Il faut partager
Car nous sommes tous en danger".

--> R








Jacquard a dit :
"Il y'a trop de bombes
Et les hommes sont en surnombre".
Jacquard a dit :
"Arrêtons les guerres
Ce n'est pas la bonne manière".

--> R

Jacquard a dit :
"La course est idiote,
Il faudrait supprimer la note".
Jacquard a dit :
"La consommation
Nous entraîne tous vers le fond".

--> R

Jacquard a dit :
"On n'a rien compris
Mais l'espoir est toujours permis".
Jacquard a dit :
"Tout n'est pas fini
Tant qu'il reste quelques amis".

--> R

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AVEC TOI


Avec toi j'voudrais r'faire l'enfance
Que j'ai pas eu quand j'étais môme,
Parce qu'on m'avait fait croire qu'un homme,
C'était bien plus heureux qu'un môme.

On ramass'ra de jolies fleurs,
On chant'ra de toutes les couleurs,
On croira ensemble aux fantômes,
On criera quand on aura peur.

Avec toi j'voudrais r'faire l'enfance,
Que j'voulais pas quand j'étais môme,
Parce qu'on m'avait fait croire qu'un homme,
C'était beaucoup plus fort qu'un môme.

On rira d'la tête du facteur,
On f'ra des farces aux emmerdeurs,
On aura des p'tits bouts d'vacances,
Ça rassemblera au bonheur.



Avec toi j'voudrais r'faire l'enfance
Qu'j'ai raté par inadvertance,
Avec toi j'voudrais r'faire l'enfance
Retrouver un peu l'innocence.

On s'inventera des histoires,
Pour voyager plus loin qu'la gare,
On aura des trains magiciens,
Et des matins sans crier gare.

On jouera avec trois fois rien,
Et on pens'ra pas à demain,
Avec toi j'voudrais r'faire l'enfance
Mais toi, dis-moi à quoi tu penses.
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PETITE FILLE


Pauvre petite fille
Perdue dans les étoiles,
Tu cherches la folie
Au hasard de la toile,
Tu ne retrouves plus,
Ce bel amour perdu,
Fragile et inconnu
Tout au milieu des nues.

Refrain :
W W W. Est-ce qu'on est bientôt arrivé ?
W W W. Ça finira bien par commencer.

Tes cernes sous les yeux
Trahissent des aveux,
Sensuels, virtuels
Où tu es seule à deux.
Pauvre petite fille,
Au milieu des étoiles,
La folie t'a trouvée
Et a rongé ton âme.






Le mal est dans ton cœur
Et au fond de tes yeux,
Tu n'as même plus peur
Ni des loups ni des dieux,
Pauvre petite fille
Qui ne va plus au bal,
Ta folie est banale
Ta folie nous fait mal.

Alors le temps s'écoule,
Alors ta vie s'écroule,
Sous le poids inutile
De ces heures fébriles,
Pauvre petite fille,
Amante inaccessible,
La nuit est un missile
Et tu en es la cible.
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VAGUE à L'AME


Chapeau messieurs, chapeau mesdames,
Vous savez faire bonne figure,
Mais moi, quand j'ai du vague à l'âme,
Je disparais, c'est ma nature.

Refrain :
Marre de bosser, y'a qu'à rien faire,
Marre de rien faire, y'a qu'à bosser,
Marre de bosser, marre de rien faire,
Plus rien à faire, cœur cabossé.

J'écris alors une p'tite chanson
Puis la range dans un carton,
Chapeau monsieur, chapeau madame,
Avec moi y'a pas de ramdam.

Que l'inspiration vienne ou pas,
Il est souvent long le chemin,
Quand la muse ne m'amuse pas,
Je tordrais le cou au destin.





Suis pas d'ici, suis pas d'ailleurs,
Et j'en suis plus à quelques heures,
Je prends la route quand je suis mal,
Pour redevenir animal.

Les mots bousculent bien des maux,
Et ça fait un sacré tempo.
De cavalcades en cavalcades,
J'hésite au bord de la cascade.

Toujours plus loin, est-ce bien utile ?
Partir pour rien, revenir quand ?
Seule la fièvre me tient immobile,
Je suis le dernier Mohican.
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ORAGE


La douche est brûlante,
Il est vingt heures trente
Et l'orage éclate
Dans la chaleur moite…
Il pleut des cailloux
Et les chiens sont fous.

Refrain :
J'aimerais tant
Me dé-souvenir de toi,
Je voudrais tant,
Je n'y arrive pas.

Un arbre cassé
Vient de s'envoler
Sans doute une fée
L'a ensorcelé…
Et le vent forcit,
Et le vent rugit.




Au loin le tonnerre
Joue au solitaire,
Et en un éclair
Met genou à terre…
La partie finie,
La nuit devient nuit.

Sur l'écran bleuté
Rien ne veut changer,
Des oiseaux étranges
Se moquent des anges…
L'orage blessé
N'a fait que passer.
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LA MARGE

Quand la marge
Devient plus large
Que la page,
Quand la marge
Nous emmène au large,
Quand la marge
Devient page
Et la page devient rivage :
Il y'a l'feu
À tous les étages,
C'est comme un cadeau
Dans un corsage,
C'est tellement plus beau
Qu'un long voyage,
C'est fou et c'est sage
C'est comme un bord de plage.

Quand la marge
Devient plus large
Que la page,
Quand la marge
Nous emmène au large,
Quand la marge
Devient page
Et la page devient mirage :
C'est une fille
Sans maquillage,
Le bruit de la mer
Dans un coquillage,
Un bateau voguant
Sans équipage,
Le feu de l'éclair
Dans un ciel d'orage.





Quand la marge
Devient plus large
Que la page,
Quand la marge
Nous emmène au large,
Quand la marge
Devient page
Et la page devient voyage :
C'est comme un virage
En dérapage,
Un grand frisson
Sans fin et sans âge,
La morsure vive
D'un paysage,
La porte grand' ouverte
De la cage.

Quand la marge
Devient plus large
Que la page,
Quand la marge
Nous emmène au large,
Quand la marge
Devient page
Et la page devient nuage :
C'est une évasion
Sans rattrapage,
Une division
Sonnant la charge,
Une émotion
Tellement sauvage,
Qu'elle nous fait
Reconstruire Carthage.
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VOYAGER


Voyager dans tes yeux,
Prendre le train à deux,
S'enivrer d'un ailleurs,
Le pire ou le meilleur…
S'envoler chez les fées,
Se laisser enchanter,
Par d'autres amitiés
En pays oublié.

Rencontrer au matin,
Ces milliers de destin,
Tenir par la main,
Aujourd'hui et demain…
Echanger le passé,
Toutes ces heures effacées,
Pour une route insensée,
Un chemin à tracer.

Etre aussi spectateur
Et arrêter les heures,
Contempler une fleur,
Pour deux sous de douceur...
Revenir, repartir,
Croire en cet avenir,
Toujours rire et sourire
Pour ne pas trop mourir.
Visiter l'univers,
À l'endroit, à l'envers,
En rouge, en bleu, en vert,
Un clin d'œil à Prévert…
Vivre comme une fête,
Des soleils plein la tête,
Avec quelques pirouettes,
Pour que rien ne s'arrête.

Voyager dans tes yeux,
Prendre le train à deux,
S'enivrer d'un ailleurs
Le pire ou le meilleur…
Voyager dans tes yeux
Voyager tous le deux,
Et retenir ce train
Et retenir ta main…
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TANT  PIS  POUR  DIEU


C'était au couvent des oiseaux,
On n'y servait rien que de l'eau,
Le pèlerin était accueilli
Comme un ami.

Refrain :
Elle n'avait pas fait de vœu,
Heureusement, tant pis pour dieu.

La plus jeunette m'avait fait voir
Derrière sa grille et sa cornette,
Son chagrin et son désespoir
De fille honnête.

La supérieure a dit "Mes filles,
Il faudra bien prier ce soir
Pour ce pèlerin en guenilles,
Cette pauvre âme noire".







Dans son cachot de pierre froide,
Elle avait réveillé son âme,
Elle avait réchauffé mon corps,
Était devenue femme.

La plus jeunette est repartie,
Papillon découvrant la vie,
Fuyant la tristesse et l'ennui
De ces murs gris.

Reprise du 1.

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DERRIERE CHEZ MOI


C'est en entrant dans le sous-bois
Que j'ai songé à autrefois,
Pas avant-hier mais bien avant,
Quand les loups mangeaient les enfants…
Mais les nains m'ont dit "T'en fais pas,
Le dernier loup est mort de froid".

R : Il ne se passe jamais rien
Dans le p'tit bois derrière chez moi. (bis)

Tout en cueillant la chanterelle
Je savourais quelques airelles,
Pensant bien croiser une fée,
Dansant dans un coin de clairière...
Les nains m'ont dit "Faut pas rêver,
La fée est partie pour Cythère"…

Le jour tombait, c'était magique,
Le sous-bois était magnifique,
Et j'espérais voir la licorne
En cette belle soirée d'automne,
Mais les nains m'ont dit "Cherche pas
La licorne n'existe pas"...



Puis le soleil mit chapeau bas
Et il commença à faire froid…
J'ai voulu inviter Blanche-Neige,
Lui faire faire un tour de manège,
Mais les nains m'ont dit "Pas d'accord,
Faut finir le travail d'abord"…

Alors c'est à coup de sabots
Que j'ai écrasé les nabots,
Et puis j'ai enlevé la belle
Qui ne s'est pas montrée rebelle,
Et le dernier des nains a dit :
"Les contes, ça vaut plus un radis"…
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BLONDE, BRUNE, ROUSSE


Blonde, brune, rousse,
Petite frimousse,
C'est avec tendresse,
Que tu te trémousses.

Blonde, brune, rousse,
Divine princesse,
Je suis à tes trousses,
Cherchant tes caresses.

Blonde, brune, rousse,
Oursonne ou tigresse,
Perdue dans la brousse,
Tu suces ton pouce.

Blonde, brune, rousse,
Fragile déesse,
J'aime jusqu'à l'ivresse,
Tes feux de détresse.




Blonde, brune, rousse,
Déesse ou princesse,
Tu es la plus douce,
Même sur la mousse.

Blonde, brune, rousse,
Bisou bisounours,
Même pas diablesse,
Même pas la frousse.

Blonde, brune, rousse,
Tout en délicatesse,
Eau sucrée, eau douce,
Fraîche comm' une source.

Reprise du 1 et du 2
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FABLES


J'étais simple fourmi
Et me voilà cigale,
Je chante tout l'été,
Je chante tout l'hiver,
Et les quatre saisons
Reprennent ma chanson.
N'en déplaise et tant pis,
Monsieur De la Fontaine.

R : Je ne veux plus avoir
Ni froid, ni faim, ni fers,
Je ne veux plus avoir
Ni croix, ni roi, ni père,
Mais seulement ta loi
O ma belle étrangère,
Même si tu préfères
Les voyages en enfer.

J'étais dur au labeur
Comme un vrai laboureur,
Un trésor est caché
Tout au fond de ce champ,
Mais les mots sont trompeurs,
Le champ était chanson.
N'en déplaise sans façon
A Jean de la Fontaine.
Je vivais sans passion
On dit qu'elles sont frivoles,
Préférant la raison
À la feuille qui vole,
Mais le temps est venu
De changer de menu.
Tant pis pour les leçons
De Jean de la Fontaine.

J'ai cherché l'ineffable
J'ai cherché la lumière,
De contes en prières
Je n'ai trouvé que fables,
Peu d'amour, trop de haine,
La morale et ses peines.
Merci et sans façon
Monsieur de la Fontaine.
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CHIENNE DE VIE


Le blues nous prend au saut du lit
On se croit beau, on est obscène,
Sur cette scène…

Mais c'est pas la peine de s'en faire,
Ça s'ra toujours la même galère,
Vie de chienne.

Mon blues part quand le tien arrive,
Et j'ai toujours un blues de r'tard,
C'est trop tard…

Alors je fleep-flap dans les airs,
Je suis un papillon géant,
Sous le vent…

Et mon espace est un désert,
Le vent, la mer, l'air et la terre,
Bien trop grands…



J'voudrais m'envoler bien plus loin,
Voltiger la tête à l'envers,
Vers demain…

Je me prends les pieds dans l'soleil,
J'me brûle le cœur et la cervelle,
Les abeilles !

Le blues nous prend au saut du lit
Et le blues finit à minuit,
Chienne de vie…
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      TU ES PARTI



T'avais tant d'raisons d'partir :
Ces heures qui ne passaient plus,
La nuit qui tordait tes nuits,
Et elle, qui était partie.
T'avais tant d'raisons d'partir,
Alors toi, tu es parti.

T'avais tant d'raisons d'partir :
La douleur dans ton grand corps,
L'envers caché du décor,
Et elle, comme un ange mort.
T'avais tant d'raisons d'partir,
Alors toi, tu es parti.

T'avais tant d'raisons d'partir :
L'alcool qui t'avait cassé,
L'alcool qui t'avait glacé,
Et elle, qui était partie.
T'avais tant d'raisons d'partir,
Alors toi, tu es parti.

T'avais tant d'raisons d'partir :
Le vide au fond d'ton verre vide,
L'ennui des amis, les rides,
Et elle, comme seul souvenir,
T'avais tant d'raisons d'partir,
Alors toi, tu es parti.
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LORELEI


J'ai navigué pendant longtemps
De tourmentes en égarements,
Mes rêves étaient faits d'océan,
Mais j'avais peur du vent.
Loreleï …

À la fois mort et survivant,
Quand la nuit efface le temps,
De toi, je rêve bien souvent,
Et de tes yeux, et de ton chant.
Loreleï …

Moi qui ne croyais plus en rien,
Ni au diable, ni à ses saints,
Et te voilà douce prêtresse,
M'inviteras-tu à tes messes ?
Loreleï …




Viens faire cesser ma folie
Et chasser la mélancolie,
Enivre-moi de tes ivresses,
Consume-moi de tes caresses.
Loreleï …

Je navigue sur ton océan,
Et je crois enfin au printemps,
Mon cœur est rempli de ton chant,
Je n'ai plus peur du vent.
Loreleï …
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IVRESSE


Se saouler parce que l'on est trop bien,
Se saouler parce que ça vous fait peur,
Se saouler pour ne plus avoir peur,
Se saouler parce que tu comprends rien.
Se saouler pour trouver la nuit belle,
Se saouler pour compter les étoiles,
Se saouler parce qu'on revient du bal,
Se saouler pour rester avec elle.

Se saouler parce qu'on n'a rien compris,
Se saouler pour en payer le prix,
Se saouler parce qu'on nous a tout pris,
Se saouler pour croire que c'est fini.
Se saouler la faute aux imbéciles,
Se saouler pour pas finir sénile,
Se saouler de bières indélébiles,
Se saouler pour tuer l'inutile.






Se saouler pour diluer les cieux,
Se saouler pour un peu d'arc-en-ciel,
Mélanger le noir avec le bleu,
Et enfin pouvoir tout dégriser.
Se saouler à confondre la rime,
Se saouler sans atteindre les cimes,
Se saouler alcoolique anonyme,
Se saouler tout au bord de l'abîme.

Se saouler pour être du voyage,
Se saouler pour devenir nuage,
Se saouler pour sortir de la cage,
Se saouler pour encore un mirage.
Se saouler pour dire de se saouler,
Se saouler mais ne pas oublier,
Se saouler puis crier et chanter,
Chanter comme on n'a jamais chanté.
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APPRENDRE


REFRAIN :
J'ai appris à parler,
J'ai appris à compter,
À lire et à écrire,
J'ai appris à nager,
J'ai appris à chanter,
J'ai appris à conduire.
Qu'est-ce qu'il reste à apprendre ?

Il reste, mon enfant,
À apprendre le ciel,
Comprendre les étoiles,
Découvrir l'arc-en-ciel,
Deviner les soleils,
Et aussi les planètes
Colorées ou muettes,
Et tous les beaux mystères
De ce grand univers.

Il reste, mon enfant
À comprendre tes frères,
Apprendre leur langage,
Découvrir leurs couleurs,
Leur joie et leur douleur,
Echanger le meilleur,
Même quand tu as peur
De cette différence,
Et de tout ce qu'ils pensent.
Il reste, mon enfant
À apprendre les rires,
À apprendre à voler,
À comprendre l'oiseau,
Le cœur libre et léger,
L'esprit toujours plus haut,
Apprendre à oublier
Et apprendre à rêver.


Reprise ad lib en mélangeant les 3 couplets
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TES YEUX


Tes yeux comme des étoiles
Mais pas des étoiles cruelles,
Des étoiles douces et gentilles,
Des étoiles de petite fille,
Des étoiles tout en dentelle,
Des étoiles avec des ailes.

Tes yeux comme des étoiles,
Mais pas des étoiles lointaines,
Mais pas des étoiles de neige,
Des étoiles chaudes et câlines,
Des étoiles troublantes et fines,
Des étoiles coquines.

Tes yeux comme des étoiles
Mais pas des étoiles méchantes,
Des étoiles pâles et fragiles
Des étoiles évanescentes,
Des étoiles tremblantes et fines,
Des étoiles "opaline".



Tes yeux comme des étoiles
Mais pas des étoiles dormantes,
Des étoiles toujours troublantes,
Des étoiles envoûtantes,
Des étoiles chaudes et amantes,
Des étoiles violentes.

Tes yeux comme des étoiles
Mais pas des étoiles fuyantes,
Des étoiles "Princesse d'Orient",
Des étoiles comme un serment,
Des étoiles profondément,
Des étoiles amoureusement…
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ETRANGER


J'étais venu, j'étais perdu,
Dans cette ville inconnue,
J'étais perdu et abattu,
Et je cherchais ta rue.

Tu m'as souri, tu m'as dit "oui",
J'étais presque un ami,
Tout ébloui, je t'ai suivie,
J'aimais presque la vie.

Je ne sais plus, je t'ai déplu,
Tu m'as pas vraiment vu,
Tu m'as pas cru, pas entendu,
Suis resté à la rue.

Tu m'as souri, puis m'as trahi,
J'étais pas ton ami,
J'ai rien compris, je n'ai pas ri,
Je n'étais pas d'ici.




Je t'ai perdue, sur l'avenue,
Avec mon cœur à nu,
Tu m'as déçu, tu m'as bien eu,
Tu n'es pas reparue.

Je suis parti, me suis enfui,
C'était pas mon pays,
Je suis parti, c'était fini,
Perdu le paradis.

Je suis venu, je suis perdu,
Dans cette vie inconnue,
Je suis perdu et abattu,
Et je cherche ta rue.
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       HOSPICE



Dans ton avant-dernière demeure,
T'es face au temps, t'es face aux heures,
Le programme est toujours le même,
Plus d'imprévu, plus de problème.

Tu cherches même plus à t'évader,
Comme hier, quand tu jouais aux dés,
T'apprends surtout comment on meurt,
Dans ton avant-dernière demeure.

Tes pauvres yeux bien fatigués
Ne savent même plus pleurer,
Tes mains tremblotent sans savoir
Si c'est la peur ou bien l'espoir.

Tes enfants sont partis ailleurs,
Ton cœur n'est plus que fleur fanée,
Dans ton avant-dernière demeure,
Tu appelles ta dernière demeure.
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J'AI  GRANDI



Tu m'as fait croire au père noël
Pendant mes années les plus belles,
Quand je n'étais pas trop rebelle,
Mais cela n'est pas éternel,
Et j'ai grandi, et je te dis :
"Touche plus à mon âme, touche plus à mon âme".

Tu m'as fait croire au p'tit jésus
Comme d'autres font croire aux barbus,
Tout innocent, tout ingénu,
J'avais six ans mais j'en veux plus,
Car j'ai grandi et je te dis :
"Touche plus à mon âme, touche plus à mon âme".

Tu m'as fait croire que les filles
Naissaient dans la rosée des roses,
Et que les garçons imbéciles,
Dans les choux se métamorphosent,
Mais j'ai grandi et je te dis :
"Touche plus à mon âme, touche plus à mon âme".








Tu m'as fait croire au paradis
Et tu m'as fait croire à l'enfer,
Où je serai sûrement rôti
Si je ne me laisse pas faire,
Mais j'ai grandi et je te dis :
"Touche plus à mon âme, touche plus à mon âme".

Tu m'as dit que le méchant loup,
Me mangerait sûr'ment tout cru,
Si je ne mangeais pas ma soupe
Et tout petit, moi je t'ai cru,
Mais j'ai grandi et je te dis :
"Touche plus à mon âme, touche plus à mon âme".

Quand j'étais p'tit, j'étais crédule
Et t'as bien profité de moi,
Pour m'inculquer ces ridicules
Mensonges et contes d'autrefois,
Mais j'ai dix ans et je te dis :
"Touche plus à mon âme, touche plus à mon âme".

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   LES STATISTICIENS



Ils ont la connerie chiffrée,
Ils la répandent de partout,
Ils voudraient nous la mettre au cou,
Pour eux c'est la seule vérité.

Statisticiens des profondeurs,
Comptables des âmes et des cœurs,
Une list' de chiffres fait leur bonheur,
Ils se noient dans l'ordinateur,

Tous ces curés du pourcentage,
Qui manipulent et qui "sondage",
Qui font cadrer ta tranche d'âge
Avec leurs théories volages :

Des chiffres pour te dire de voter,
Des chiffres pour te faire partir,
Des chiffres sur ta façon d'aimer,
Des chiffres sur tes envies de rire.

Reprise du 1
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    LA DAME BLANCHE



Toute habillée de blanc,
Sous une pluie battante,
Elle était en détresse,
Perdue et clignotante.

Elle aurait fait penser,
En un concours d'été,
A ces jeunes beautés
En tee-shirt mouillé.

Mais c'était février,
Sur un bord d'autoroute,
Et sa voiture noyée
Refusait d'avancer.

Par chance ou bien par doute,
J'ai réglé le starter
Alors la dame blanche,
Radieuse, s'est éloignée.
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    TELEVISION



Sur l'écran blafard et sans vie,
L'image de nos agonies,
Colorée aux diodes primitives
N'en finit pas de défiler.

Dans la moiteur d'un bleu d'été,
Les sociétés caritatives
S'adressent à nos cœurs déjà morts
Pour cicatriser nos remords :

Nuages noires fantomatiques
Et écriture automatique,
Regards aux yeux dégénérés
De millions d'humains génériques,

Hallucination collective
Pour nos cerveaux paralytiques,
Le néant au néant s'oppose
Et chacun ingurgite sa dose.
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     LE POETE



Entre le passé et le futur :
Le présent.
Entre l'intérieur et l'extérieur :
L'ailleurs.
Entre le rêve et la réalité :
La poésie.
Tous fragiles, impalpables,
Fuyants.

Le poète n'a rien voulu dire,
Il rêve tout simplement éveillé
Dans un présent qui n'existe pas,
Il a peur de s'y endormir
Et prend alors son élixir.
Il n'a rien appris à l'école,
Le professeur l'ennuie.

Le poète n'a rien voulu dire,
Il se moque de la rime
Et ne compte pas ses pieds.
Il se moque de la frime,
Il plane simplement
Au dessus des rampants.
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T'AS PERDU



Refrain :
T'as perdu ta capacité
A t'indigner,
T'as perdu ta capacité
A t'émerveiller.

Elles sont loin les atrocités :
"C'est pas vrai, c'est à la télé".
Elles sont belles les publicités :
"C'est pas vrai, c'est manipulé".

Tu te dis, bien sûr, tolérant,
Et tu restes bien dans le rang.
Tu profites et tu fais semblant,
Tu te coules dans le courant.


On t'enivre de chansonnettes
Tu n'y vois rien de malhonnête,
C'est gentil et ça te rassure,
Ça cicatrise tes blessures.

T'as pas d'idée, t'as pas d'argent,
Mais tu va voir les " bons marchands",
Qui vont te redonner la forme,
Et ta dose de chloroforme.
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      CREATION



Quand les idées se télescopent
Dans la foule multicolore
Des connaissances périscopes,
Des fleurs nouvelles viennent éclore.

Et le génie débouteillé,
Au petit matin exalté,
Délivre son éternité
Au nez de l'immortalité.

Quand les idées se télescopent
Dans la foule, encore et encore,
Des connaissances périscopes
Dans leur version technicolor,

On mélange serviette et torchon
A l'heure de la ré-création
Pour le rire et pour le frisson
Dans un univers de passion.

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JOURNEE PEDAGOGIQUE


Et Monsieur Psy est arrivé
Faire son show comme à la télé :
Ses dents blanches bien alignées
Et son sourire de vieux premier.
On en aurait pour notre argent,
Vu qu'on n'avait rien payé.

Et moi j'me suis mis tout au fond,
Pour éviter l'expiration,
Le public était d'exception,
Le gratin de la profession.

Monsieur Psy alors nous a dit :
Il faut mettre des étiquettes,
Sur chaque tête, chaque casquette :
Y'a les nerveux, les silencieux,
Il y'a les durs, il y'a les mous,
Les «Je m'en fous», les «C'est pas nous».

Et moi, j'étais là tout au fond,
A rechercher l'inspiration,
Son discours de désolation
Facilitait pas la méditation.

Et Monsieur Psy a enchaîné :
Je vais vous donner quelques clés
Et vous pourrez mieux maîtriser.
Le p'tit nerveux : faut le flatter,
Le silencieux : juste les gros yeux,
Le «Je m'en fous» : au garde à vous.

Et moi je matais la p'tite brune
Du collège de Saint Cucufin,
Elle était souvent dans la lune,
Mon tutorat lui f'rait du bien.

Et Monsieur Psy a continué
A enthousiasmer l'assemblée,
Avec son humour «Métayer» :
De belles étiquettes colorées,
Ça permet de s'y retrouver,
Ça rassure les écervelés.

Et moi j'commençais à bailler,
Tout en matant la petite brune
Qui avait l'air de s'ennuyer
Ferme sur son rayon de lune.

Monsieur Psy a fait son succès,
Il a été bien applaudi,
C'était d'la bonne pédagogie
Qu'on appliquerait dès lundi.
Et «Vive la vie», et «Youkaïdi»
Heureusement, la cloche a sonné.
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     DESERT



Au milieu du désert
Nos pistes se croiseront
Et le sable des mots
Effacera la trace
Des sillons illégaux
En vaines dédicaces.

L'aiguille du pick-up
Crissera sur le quartz
Comme un talon trop haut
D'une fausse pin-up,
Alors le chant des dunes
Montera sous la lune.

Puis l'aiguille glissera
De la cire à ton bras
Pour une autre musique
Multipiste et tragique.

Microsillon perdu
Dans l'éther suspendu,
Silence en stéréo
Dans l'œil du cyclone,
Le temps s'arrêtera
Dans ce désert atone.
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TES RACINES


Tes racines, arrache-les,
Elles ne sont que barbelés
Qui te serrent, qui te lacèrent,
Qui te déchirent les chairs.
Les vieux te disent «Ce sont-elles
Qui te rattachent à la plaine,
A la montagne, à la fontaine»,
Quand ce sont elles qui t'aliènent.

Tes racines, coupe-les
Tes racines ne sont que freins,
Elles dériment tes couplets,
Elles déchantent tes refrains.
Tes racines sont des chaînes,
Pas des arbres magnifiques
Mais d'inoxydables chaînes,
Cayenne pour les mystiques.

Tes racines, arrache-les,
Alors tu pourras voler
Été comme éternité
Dans l'hiver de l'univers.
Le sage te dit «Ce sont-elles
Qui te rattachent à l'ancêtre,
A ton dieu ou à ton père»,
Alors qu'elles mènent au cimetière.


Tes racines, brûle-les
Plutôt que rester cloué
Au poteau de ton passé,
Au bûcher des trépassés.
Tes racines sèment la haine,
Quand l'étranger d'à côté
Veut enraciner les siennes
Dans ton champ et dans ta plaine.

Tes racines, jette-les
Et de nouvelles racines
Alors tu verras pousser
Pour escalader les cimes.
Le sage oublie de te dire
Qu'elles entretiennent les guerres,
Le sage n'a plus de sagesse,
Aveuglé par la vieillesse.

Tes racines, oublie-les,
Elles te cachent la clarté
De l'aurore ensoleillée
Qui ne demande qu'à se lever.
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           A TOI



Tu es ma force et ma faiblesse,
La rime absente à ce poème,
Mon imagination, ma chance,
Mon voyage, ma délivrance.
Quand la solitude me blesse,
C'est toujours à toi que je pense,
Tu reviens comme un théorème
Qui me gifle ou qui me caresse.

Cette distance où je m'égare,
Trop près de toi ou pas assez,
Ravive sans cesse la blessure
Que je crois un jour refermée
Mais qui le lendemain s'éveille
Et me pousse vers l'Isengard,
Guerrier perdu sans son armure,
En quête d'un dernier sommeil.

Tu es ma force et ma faiblesse,
La rime absente à mon poème,
Quand la solitude me blesse,
C'est toujours à toi que je pense.
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      REVOLTE



Il faut cultiver la révolte
Pour une moisson abondante.
Il faut surveiller la récolte
Loin de la fureur des ventres.

Les rassasiés ne savent plus
Hurler, leur bouche est pleine.
Depuis longtemps, ils se sont tus,
Oubliant le chant des sirènes.

Les affamés, eux, savent bien
La valeur et le prix du grain
Mais si leur révolte s'éteint,
Adieu l'espoir du festin.

Il faut cultiver la révolte,
Rejeter le gras des despotes,
Retrouver la rage et l'instinct
Pour forcer ce maigre destin.

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CHAUD   ET   FROID




Un pauvre bougre de chômeur
Sans maison, sans joie et sans cœur,
Dans la ruelle du Mépris,
Est mort sur le coup de minuit.

A la même heure, un gros bourgeois
Qui vivait bien, qui vivait gras,
S'est étouffé de trop de joie
Et a avalé son mandat.

A la morgue, se sont retrouvés,
Dans des draps blancs, déshabillés,
L'employé était fatigué,
L'employé les a mélangés.

Le pauvre bougre de chômeur,
Capitonné dans du satin,
Par un clin d’œil du destin,
De la ville, a eu les honneurs.

Le gros bourgeois a eu bien froid
Dans une maigre caisse en bois,
Personne pour porter son deuil
Au cimetière des Ecureuils.







L'histoire pourrait s'arrêter là
Comme une vie qu'on désactive,
Mais y'a une suite interactive
Pour ceux qui croient en l'au-delà.

Le pauvre bougre dans la soie
S'est présenté devant Saint-Pierre,
Confondu avec le bourgeois,
Il est allé droit en enfer.

Le bourgeois grelottant de froid,
Transi, ahuri et meurtri,
La morale n'est pas ce qu'on croit,
Fut accueilli au paradis.

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ENDORMISSEMENT


(En réponse à un texte d'Anne Roumanoff comparant nos élites politiques à une basse-cour)

Hélas, ma sœur Anne,
En trop gentille caille
Qui picore et qui raille,
Tu ne vois rien venir.

Ton mot qui fait sourire,
Fustigeant la cour-basse
Conforte le convaincu
Et endort le cocu :

Chacun vient applaudir,
Glousser, battre des ailes
Et retourne dormir
Au chaud, près des poubelles.

La cour basse et hautaine
Se moque bien des rimes
Et n'a rien dans ses mimes,
Des animaux qu'on aime.







Ce ne sont que vieillards,
Vieux loups et vieux renards,
Et gerfauts, et autours
Dévorant sans détour.

Pour s'en débarrasser,
Il faudra une armée
De monstres affamés,
De monstres déguisés,

Pour l'instant occupés,
Par quelque os à ronger,
Mais demain bien tôt prêts
A lancer la curée.

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REVEIL


L'imprimante de mon cerveau
A de la peine à fonctionner,
Elle grince, elle fait le gros dos
Et elle tache un peu le papier.
Les couleurs sont presque passées,
Reste le gris de mes pensées,
Les cartouches sont bien usées,
Faudrait sûr'ment les remplacer.

J'hésite à mettre des génériques,
Copies d'Asie ou bien d'Afrique
Car il paraît que c'est risqué,
Que ça peut tout déboussoler,
Que les neurones peuvent s'encrasser,
Les synapses se dé-synapser
Et qu'même un lavage de cerveau
N'est pas sûr de tout arranger.

A moins que ce n'soit le firmware,
Une simple mise à jour à faire,
Pour accorder la date et l'heure
Et faire revenir les couleurs,
A moins que ce n'soit le driver,
Ou la mémoire à formater
Ou une surchauffe du serveur,
Ou un capteur court-circuité.

Difficile de démêler
Le labyrinthe de mes pensées,
Car dans le code des erreurs
Il manque le chapitre du cœur,
Trois clignotants verts puis un rouge
Et tout à coup plus rien ne bouge,
Trois clignotants rouges puis un vert,
Ça veut dire qu'il faudrait se taire.

L'imprimante de mon cerveau
Veut se remettre à fonctionner,
Elle force, elle fait le gros dos
Et elle tache beaucoup le papier.

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C'EST   L'ETE


C'est l'été,
La diarrhée touristique
Se répand de partout :
La plage et la montagne
Sont envahies d'un coup,
La pollution décolle,
C'est le pic du mois d'août.

C'est l'été,
La diarrhée touristique
Vient nous faire les yeux doux,
Dans leurs shorts, leurs tee-shirts,
Leur sueur fait des trous,
Et ça coule, ça roucoule,
Les pigeons et les poules.

C'est l'été,
La diarrhée touristique
Se répand de partout :
Dans les ruelles étroites,
Au pied des statues moites,
A l'ombre des vieux murs
Et même en plein azur.

C'est l'été,
L'autochtone au labeur,
Le chasseur de touristes,
Le grand lion émacié
Qui attendait le gnou,
Pendant deux ou trois mois
D'intense satiété,
Assure sa survie
Jusqu'au prochain été.
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MENTEURS


Menteur le prédicateur,
Menteur le marchand de peur,
Menteur pour te rassurer,
Menteur pour t'emprisonner.

Menteur le présentateur,
Menteur le marchand de fleurs,
Menteur le publicitaire,
Menteur le faiseur d'affaires.

Menteur le patron obscène,
Menteur le marchand de peine,
Menteur pour te diriger,
Menteur pour mieux t'exploiter.

Menteur le marchand de haine,
Menteur le « Allah, Amen »
Menteur le sauveur de l'âme,
Menteur le prêcheur qui brame.





Menteur le marchand de chance,
Menteur « C'est gagné d'avance »
Menteur le marchand de sciences,
Menteur « C'est perdu d'avance ».

Menteur le marchand de chiffres,
Menteur le joueur de fifre,
Menteur le marchand de cœur,
Menteur le bonimenteur.

Menteur le politicien,
Menteur le marchand de rien,
Menteur le présidentiable,
Menteur le marchand de fables.

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DEMOCRATIE


Dans le secret des burnes,
Au premier tour de piste,
L'électeur en chaleur
Vomit dans l'isoloir
Et tire son coup pour voir.

Démocratie,démocratie,
Salut l'artiste, adieu l'artiste.

Entre deux tours de piste,
C'est le temps des lampistes,
Qui passent la pommade,
Distribuent les œillades
Et jouent la sérénade.

Démocratie, démocratie,
y'a plus d'artistes, et c'est bien triste.

Au deuxième tour de piste,
Tout est minimaliste,
Y'a plus d'idéalistes
Et y'a plus d'idéal
Dans l'fusil à deux balles.

Démocratie, démocratie,
y'a plus d'artistes, que des autistes



Après deux tours de piste,
Reste la gueule de bois,
Mais tu n'as pas le choix
Car il n'y'a plus de choix
Chez les Dupont Lajoie.

Démocratie, démocratie,
Fini de rire, adieu l'artiste.

Les clones sont sur la piste,
Aux ordres des cambistes
Les banquiers font les lois,
Et c'est tant pis pour toi
Qu'a pas donné d'la voix.

Démocratie, démocratie,
On te salit, on te trahit

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EDUQUONS



La conne fusionnelle,
Dolto-isant l'espèce,
Redresse la mamelle
Et se gratte la fesse
Quand le psychiatrologue
La décul-pabilise
Devant son enfant-crise
Fiché au catalogue.

L'enfant ogre barbare
Ne fait rien au hasard,
L'enfant maître-chanteur
Dévore ses géniteurs.
Le père déliquescent,
Pour ne plus faire semblant,
S'est mis depuis longtemps
Aux abonnés absents.






Monsieur De Psychiatrie,
Projetant son enfance
Sur le pauvre chéri
Assure sa défense :
Quel merveilleux Q.I.,
C'est le test qui le dit,
Un vrai petit génie,
Mais hélas, in-com-pris !

Et l'enfant impatience,
Somnolence, insolence
Rejette la connaissance,
L'effort et le silence.
Sa frustration grandit
Devant tant d'interdits :
"Je connais bien mes droits
Je suis Moi, l'enfant roi".
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DIVIN   DIVAN



Moi qui ne reconnaît des "psy"
Que Terpsichore et l'ordre exquis
Des turbulents psittacidés,
J'ai un faible pour cet ennui
Que l'on trompe ensemble la nuit
Par tes jeux de mains et d'esprit.

Que ton divan soit jaune ou vert,
Mon étudiante, mon insoumise,
Je me prête à ton analyse,
Je suis là pour ton expérience :
Pour toi mon livre est grand ouvert,
Je donne mon corps à ta science.

Pas de séance sans bienséance,
Tout commence par tes caresses
Sur mes cicatrices d'enfance
Pour que j'abaisse mes défenses,
Et m'abandonne à ton regard,
A ton savoir,à ton grand art.





J'aime ton silence aventureux
Quand ton sur-moi se fait honteux,
Quand tes oui-dits et tes non-dits
Allument en moi tes incendies
Et que ta chaleur intérieure
Consume mes dernières peurs.

Moi qui ne reconnaît des "psy"
Que Terpsichore et l'ordre exquis
Des turbulents psittacidés,
J'ai un faible pour cet ennui
Que l'on trompe ensemble la nuit
Par tes jeux de mains et d'esprit.
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HOMME    D'AUJOURD'HUI


Tu sais plus pleurer, tu pleurniches,
Tu ne sais plus rire, tu ricanes,
Les grands sentiments, tu t'en fiches,
Ta Harley, c'est Motobécane.

Tu fleepes au milieu des fourmis
Au lieu de planer loin du nid
Et tu rentres penaud à la niche :
Le lion est devenu caniche.

T'as le réveil des mauvais jours
Tous les matins de tous les jours,
Y'a plus de rêve dans ton sommeil
Et on t'a volé tes soleils.





Tu traînes ta vie et tes envies
D'hivers lourds en étés meurtris,
Il manquerait plus que la haine
Vienne s'ajouter à ta peine.

Lelouch n'est plus sur tes affiches,
Tu idolâtres ceux qui trichent,
Les copies, les clones, les pastiches,
Les trop nourris qui se croient riches.

Tu mélanges le faux et le vrai
Et on t'a surpris à mentir,
Tu pleurniches, tu sais plus pleurer,
Tu ricanes, tu ne sais plus rire.

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FUKUSHIMA


On … n'aurait jamais pensé
Qu'on en serait chassé,
L'air y était si pur,
L'eau était si limpide,
Les hivers difficiles
Mais l'été qui rassure.

On … n'aurait jamais pensé
Qu'il faudrait tout quitter :
La terre des anciens,
La poussière des chemins,
La maison, le jardin,
Les oiseaux et les chiens.

On … n'aurait jamais pensé
Regagner la cité,
Devenir réfugiés,
Perdus, déracinés,
Vagabonds irradiés,
Singes contaminés.

On … n'aurait jamais pensé
A tout abandonner,
Cet air empoisonné,
Ces terres sacrifiées,
Ce goût de liberté
A jamais envolé.



Et puis...
Ce jour est arrivé,
La mer a débordé
Et la terre a tremblé,
Les atomes ont hurlés,
Le vent s'en est mêlé
Et le temps ... s'est figé.

Alors...
Devenus morts vivants,
Trop près de l'accident,
Tout d'abord hésitants,
Puis priants, puis pleurants,
Vieux amants, vieux enfants,
Sommes partis, errants.

On … n'aurait jamais pensé
Qu'on en serait chassé,
L'air y était si pur,
L'eau était si limpide,
Les hivers difficiles
Mais l'été qui rassure.
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POURQUOI ?


Pourquoi cette croyance
Qu'on ne doit critiquer,
Pourquoi ces convictions
Comme chape de plomb ?

Pourquoi tant de puissance,
Pourquoi tant de pouvoir
Donnés à l'ignorance
Et à ses habits noirs ?

Pourquoi tant d'arrogance
Dans le gris du grimoire,
Pourquoi tant d'insolence
Dans cette tour d'ivoire ?

Pourquoi ces manigances
Aux feux des ostensoirs
Pourquoi ces idées rances
Dans le fond des ciboires ?







Pourquoi ces faux espoirs,
Cette fausse espérance,
Cette fausse victoire,
D'esprits en déserrance ?

Pourquoi l'acceptation
Et la résignation
De ces têtes courbées
De ces cerveaux lavés ?

Pourquoi cet abandon
Et ce renoncement
Cette fuite en avant
Ce besoin de pardon ?

Pourquoi cette paresse,
Cette facilité,
Quand déjà le temps presse,
Et qu'il faut se hâter ?

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POESIE . DANGER ?




Quand il faudra crier,
Pour de vrai, haut et fort,
Crier pour exister
Et faire peur à la mort,
Par delà l'irréel,
L'absurde, le virtuel,
Restera-t-il encore
Sans trop de faux-semblant
Des mots de sang et d'or
Suffisamment aimants,
Pour froisser les remords
Et chasser le tourment ?








Dès lors, faut-il risquer
Que ces cris de papier
Ne soient rien qu'un prétexte,
Qu'un jeu, qu'une illusion,
Pour la magie du texte,
La beauté du sillon ?

Dès lors, faut-il risquer
Que les yeux soient trop bleus,
Trop profonds, trop usés,
Pour un amour de feu
Appelant la lumière
Et le coeur trop blasé
Pour tout recommencer
En se moquant d'hier ?

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RENAISSANCE


Il fut un temps ancien
De révolte facile
Où les écrits glissaient
Comme des perles d'eau,
La jeunesse catin
Me livrait ses cadeaux,
Ainsi, vingt ans passaient
D'une douceur paisible.

Sans même le vouloir,
L'humour, l'amour et l'art
Me forgeaient une armure
De nacre et de rubis.
J'étais devenu roi
Et tout m'était permis.
Las, je ne pouvais voir
Que j'étais endormi.







Un soir de fantaisie,
Quelqu'une m'a réveillé :
Sonnée par la violence
De son indifférence,
Mon armure posture,
Imposture et torture,
Ma fière carapace
S'est brisée comme glace.

Et depuis cet instant,
Mille mots délivrés
Coulent comme un torrent
De lave incandescente,
Coulent et marquent au fer
L'épaule, le front, le ventre
Et brûlent aussi l'esprit
Comme autant d'incendies.

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     LA   POESIE

La poésie est entre les mots,
Elle a besoin du mot
Mais elle n'est pas le mot,
Elle est le vide entre les atomes,
Le vide entre les étoiles.
Elle est le "chant" électromagnétique
Emprisonnant le plasma primitif,
Avant la naissance de l'étoile
Et Dieu est son vassal.

La poésie est cri,
Elle est aussi le silence qui suit le cri,
Elle est l'essence même de toute chose.
C'est une idée qui passe et qu'il faut attraper,
Un papillon de fin d'été.
Elle est n'importe quoi,
N'importe où, n'importe quand,
L'ineffable, l'incommensurable,
La valse du printemps.
C'est vous, c'est toi, c'est moi,
C'est le mensonge des fables,
Le mensonge des amants,
La pluie, le vent, le sable
Et la morsure du temps.
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GAME  OVER


Il faudrait être fou
Pour rester près de vous
Fou de vous
Je l'avoue.

Immobile à attendre,
Dans ce froid de décembre,
A coeur-fendre,
Faut comprendre.

Le jeu a trop duré,
Il me faut respirer,
M'évader,
Sans tarder.

J'ai bien trop besoin d'ailes,
Ces chemins virtuels
Parallèles,
M'écartèlent.

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      MANIPULATION


Oui, je vous manipule,
De l'aube au crépuscule
Pour vous emprisonner
Par des mots qui libèrent,
O belle abandonnée
Aux amours éphémères.

Mon esprit mandibule
Jette ses tentacules
Sur votre âme crédule
En proie au Majuscule,
Et c'est sans préambule
Que je vous encapsule.

Tout se trouble et bascule :
Vos points et vos virgules
Se mélangent et simulent.
Mais cela me stimule,
O frêle libellule,
Aux profonds yeux cérules.

Je berce ou je bouscule
Vos pensées noctambules
Et vos rêves somnambules, ...

Et tel un funambule
Sans le moindre scrupule,
J'avoue : "Je vous adule".

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MOTS-LIONS



J'ai lâché les mots-lions
Aussi les mots-dragons
Pour la grande oraison
Contre tours et donjons.

Tous ces mots rugissants,
Refusant les caresses
Tiraient tant sur la laisse
Avec tant de rudesse.

C'était chose inhumaine
De les voir gémissants.
A cause de ces chaînes
Les blessant jusqu'au sang,







Alors il a fallu
Sans plus de retenue
Couper cordes et amarres
A ces hordes barbares.

Lors, les mots bondissants
Libérant leur tourment
Lèchent des flaques de sang
Au mur des innocents.

Si vous les rencontrez
Restez bien à l'écart
Car leurs griffes acérées
S'abattent sans égard.
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DECEPTION



Il est des jours taquins
Ou tout me rend chagrin :
Un facteur en retard
Et qui n'apporte rien,
Un nuage qui passe
Sans respecter l'azur,
Un oiseau qui prétend
Annoncer le printemps,
Une sirène au loin
Qui hurle la coupure
Pour des ouvriers las
D'une vie de ratures.










Je maudis mes poèmes,
Mes poésies transies,
Je maudis ces "je t'aime",
Cris morts-nés ou flétris,
Ces fièvres majuscules
Réglées comme un pendule,
Je n'ai plus d'appétît
A dévorer la nuit,
Je suis sans concession
Et je suis sans passion
Pour cette discussion,
D'une autre dimension,

Je suis déçu de tout,
Je suis déçu de vous,
Je suis déçu,
C'est tout.
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         PREMIER    SONNET


Quand je suis arrivé, la bataille faisait rage,
Les noms d'oiseaux volaient : je trouvais Hernani
Et de beaux apprentis, mais d'Hugo, que nenni !
Pour s'inscrire sur le site, il faudrait du courage.

Non sans hésitation, j'ai frappé au carreau :
Quelques formalités, carte d'identité,
Certif de bonne santé, mon pays, mon quartier,
On m'a donné la clé et le choix du pseudo.

Le plus dur était fait , enfin je le croyais,
J'installais mon barda, renversant l'encrier ...
Et nettoyais les taches de mon alter ego.

L'aventure commençait : m'en remettant aux Parques
Pour me guider tantôt et diriger ma barque,
Tout en fermant les yeux, je fonçais tout de go.
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  L'ILLUSION  NUMERIQUE


La trompeuse illusion
De l'encre numérique
Enfonce l'aiguillon
Des espoirs chimériques :

La rose et l'asphodèle
Deviennent artificielles,
Le mot est lettre morte,
Le mur n'a pas de porte.

J'escaladais le ciel
Pour toucher l'hirondelle,
Las, je brûle mes ailes
Au plafond des mortels :

Quand la nuit devient belle
Et le jour repoussant,
Il coule sur l'autel
Quelques larmes de sang.

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PETITS    PAS



Juste un pas de côté
Et tout est différent,
Ne plus marcher au pas,
Pouvoir sortir du rang.

Cheminer pas à pas
Sans se hâter vraiment,
Sans la peur du trépas,
Juste l'envie du moment.

Un petit pas de danse,
Un sourire du printemps
Qui dure plus que l'instant
Avec un peu de chance.








Et ce pas dans mon pas,
Premier pas hésitant,
Empreinte empruntée,
Douceur, féminité.

Et puis ce pas de deux
Couché sur le papier,
Au lit des amoureux
D'un éternel été,

Ce petit pas de deux
Timide et silencieux
Qui loin des faux-fuyants
Devient pas de géant.

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          AVANT



Je recherchais cet invisible,
Ce monde de beauté fragile,
Comme un parfum de chèvrefeuille,
Comme une larme au bord d'un oeil.

Je recherchais en ce temps là
Ce monde de folie paisible,
Je recherchais cet au-delà,
Je cherchais, je ne trouvais pas.

Je traînais au bord des ravines,
Me rassasiant du fil de l'eau,
Des cailloux blancs roulaient de haut
Et plongeaient parfois dans l'abime.

Le souffle retenait mes pas,
Les ombres murmuraient tout bas,
La nuit m'était comme un tombeau
Et le jour tombait en lambeaux.

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       DIVINE


Dans ce doux clair-obscur
Elle me savait tout près
Et s'était mise nue,
Enfin, pas tout à fait,
Il restait à la belle
Un petit rien intime
Qu'elle avait su garder
Et qui me titillait.

Ses pieds de ballerine
Reposaient ingénus,
Ses jambes libertines
Chaviraient mon esprit,
Son ventre savoureux
Appelait maints baisers,
Sa poitrine opaline
Exhalait sa vertu,
Ses bras roses et graciles
Parfumaient le silence,
Sa bouche, ses lèvres fines
Exacerbaient mes sens.

Elle s'était mise nue
Enfin, pas tout à fait
Alors n'en pouvant plus,
M'approchant de l'oiselle,
Sans plus de retenue
Je m'adressais à elle :
"Otez donc ces lunettes,
Que je vois vos prunelles".
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        LES PINOCCHIOS


Les pinocchios tirent les ficelles
Pour faire bouger leurs échalas,
Ils veulent remplir leurs escarcelles
Et valser en grand tralala.

Mais ils boîtent sur leurs jambes de bois
Et leurs cerveaux sont rabotés,
Si bien qu'ils ne s'aperçoivent pas
Que ça penche du mauvais côté.

Ils sont bancals à faire casser
La machine qui les fait danser
Et même leurs boules de cristal
En ont les yeux exhorbités.

Quand l'orchestre va s'arrêter,
Que les étoiles seront couchées,
Des larmes de sciure vont éponger
Le dégueuli de leurs idées.
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     ZENITUDE


Ne plus s'attendre à rien
Pour mieux s'attendre à tout,

N'avoir pour seule adresse
Que le regard du fou
Pour mieux rire de nous
Dans le bris du miroir,

N'avoir comme faiblesse
Que le cri du hibou
Pour effrayer le loup
A la tombée du soir.

Ne plus s'attendre à rien
Pour mieux s'attendre à tout,

N'avoir pour seule ivresse
Que quelques mots vermeils
Dans ce désert aride
Invitant au sommeil,

N'avoir comme tristesse
Que la mort du soleil
Dans l'immensité vide
D'une nuit sans pareille.

Ne plus s'attendre à rien
Pour mieux s'attendre à tout.
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      ESCROCS


Les escrocs du mot, démoniaques
Voulaient me vendre une belle âme,
Une intelligence cardiaque,
Garantie à vie, haut de gamme,
Porte ouverte sur leur paradis,
Amour universel compris.

Il fallait juste signer à blanc,
S'engager à perpétuer
Leurs dégoulinantes pensées,
Et dire "amen" à leur grand-messe
En abusant de la faiblesse
Des cons et des petits enfants.

"Condescendance mais empathie,
Condoléances, pardon, merci"
Des mots qui bercent les esprits.
"Laissez venir à nous l'argent,
Le pouvoir et le faux-semblant,
Pour rassurer ces pauvres gens."

Les escrocs du mot sont passés,
Leur ai claqué la porte au nez,
Sûr qu'ils n'empêcheront jamais
Les rossignols de nos folies
De voler dans leurs cieux trop gris
Et d'y chanter la liberté.
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     L'HOMME DEBOUT


On se battra
En relevant la tête,
On se battra
Contre les faux-semblant
On se battra
Sans espoir de conquête
Mais simplement
Pour être survivant,

On se battra
Pour sauver cet enfant,
Qu'il soit coupable
Ou qu'il soit innocent,
On se battra
Jour et nuit en chantant
Pour redonner
L'espoir au résistant.

On se battra
Pour sauver ce qui reste,
On se battra
Pour sauver nos planètes,
On se battra,
N'en déplaise aux prophètes,
Qui voient la fin
Du monde comme une fête.

On se battra
Coeur et tête, en pensant
A tous ceux qui
Se sont battus avant
On se battra
Toujours et pour longtemps
Pour que nos fils
Puissent en faire autant.
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       HYPOCRISIE

J'ai beaucoup hésité avant que de venir
Quand ici on réprime la marche des idées,
Et que des loups grimés semblent bien décidés
A punir la pensée s'ouvrant sur l'avenir.

Nombreux sont les félons prêchant la tolérance,
Entretenant la peur et l'amour illusion
Qui, se faisant passer pour d'innocents moutons
Condamnent sans façon la moindre différence.

La poésie se meurt loin de la liberté,
Lorsque le verbe est froid, que les mots sont comptés
Et le chemin souillé de tant d'hypocrisie.

Cela ne sert à rien de nous ouvrir vos coeurs,
De parler d'amitié, d'amour et de bonheur
Quand vous bordez le lit de Dame Anasthasie.
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      RUPTURE


Je vous aurai aimé peu de temps
Insuffisamment pour vous haïr,
Bien trop peu de temps pour me détruire,
Si peu de temps pour me retenir,

Je vous aurai aimé peu de temps,
Trop peu de temps pour me souvenir,
Le temps d' un battement de vos cils,
Le temps d'un froncement de sourcil.

Je vous aurai aimé peu de temps,
Vois-tu, c'est le retour du printemps.
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SIMPLICITE


Mon texte n'a pas de structure,
Pas de plan, pas d'architecture
Il n'appelle pas le sanglot,
Ni l'extatique, ni le brûlot.

Mon texte est écrit à la louche,
Et parfois même à la truelle :
Pas de pinceau, de fines touches,
Et pas de coquines dentelles.

Souvent commencé sous la douche,
Pour finir en attrape-mouches,
Il ne dit rien des hirondelles,
Ni du printemps, ni des pucelles.





Mon texte ne parle pas d'amour,
Ni d'amantes topinambours,
Ni des petits jardins discrêts
Où l'âme range ses secrets.

Il se tient tout droit sans coffrage
Un peu branlant sur ses jambages
Et n'a pas besoin d'armature
Pour faire jouir la criticature.

Mon texte claque dans le vent
Lorsqu' il ne claque pas des dents,
N'étant pas dictionnarisé ...
Des érudits, c'est la risée.
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     PEUT-ETRE


Peut-être que la poésie
En fin de compte n'est qu'un leurre
Une flatulence de l'esprit,
Un retour à l'état fœtal,
Un alibi pour une mort-vie
Un gaz moutarde qu'on inhale
Doucement et sans trop de bruit,
Pour ne pas faire fuir l'oiseleur.

Peut-être que la poésie
Finalement n'est q'un fanal,
La tige sans les flleurs du mal
La peur spirale d'aller au bal,
Un cantique délatinisé
Pour un dimanche vert-de-grisé,
L'inexistence exacerbée
De cette vie par trop banale.
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4 H 89


Le réveil affichait 4 h 89
Un dérapage temporel, pensais-je,
Le temps se fichait encore de moi,
A moins que ce ne soit un rêve,
Tout est tellement possible dans le rêve.
Cette fois j'allais le piéger,
Je me levais doucement
Pour ne pas l'effrayer,
Il suffirait de l'écrire ...
Sinon, au petit matin, ...
Envolé, plus de souvenirs.

Chaque fois c'est pareil,
Je ne me rappelle de rien,
Le vide, le néant glacial
Et pourtant, j'en suis sûr,
Toute la nuit je rêve.








La lune était ronde
Comme un cachet d'aspirine,
Inutile d'éclairer,
J'ai tout noté sur une feuille grise,
Puis je suis retourné me coucher,
4 h 97, le temps ne s'était aperçu de rien,
Il était passé normalement,
Cette fois-ci, je savais que je l'avais piégé,
J'en aurais la preuve,
Je me suis rendormi serein,
A mon réveil, la page me raconterait tout ça.

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POEME SANS FIN


La page était bien sage,
La page était bien blanche,

Alors d'un crayon noir,
J'ai tracé quelques traits,
Dessiné un portrait,
Avec un paysage,
Des arbres, des nuages,
Quelques fleurs giboulées
Et puis aussi des coeurs,
Et des baisers volés,
Et des pensées sauvages,
Et des idées volages,
Des mots entrecroisés,
Des lignes entrelacées
Un peu comme un collage,
Un papier métissé.

Ce n'était pas assez,
Il restait de la place,
Quelques taches de blanc,
Alors dans les espaces,
J'ai aussi colorié,
J'ai tout rempli de noir,
Les pleins et les déliés,
Rempli les interstices
Ajouté des éclipses,
Et quand tout fut bien lisse,
Plus noir que la réglisse,
Quand enfin il n'y eut
Devant moi qu'un miroir,
Qu'une belle page noire ...







Avec un crayon blanc,
J'ai tracé quelques traits,
Esquissé un portrait,
Les lignes d'un voyage,
Des ombres, des mirages,
Quelques fleurs gribouillées
Et encore des baisers,
Et des coeurs envolés ...
Et des pensées volages,
Et des idées sauvages,
Des mots entrelacés,
Des lignes entrecroisées
Un fameux bricolage,
Un tissu mal tissé.

Ce n'était pas assez
Il restait de la place,
Quelques taches de nuit,
En petites surfaces,
Alors j'ai barbouillé,
J'ai tout rempli de neige
Les déliés et les pleins,
Comblé les places vides
De crayon à blanchir
Et quand tout fut bien lisse,
Aussi pur qu'un grand lys
Quand enfin il y eut
Devant moi la banquise,
D'une belle page blanche,

Alors d'un crayon noir,
J'ai tracé quelques traits,
Dessiné un portrait ...
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        RIEN


Je ne suis rien sur cette terre,
Je ne suis rien dans l'univers,
Mais de ce rien veux profiter,
Loin des dévots et de leurs guerres.

Vivre sans me laisser duper,
Chanter quand je suis enivré,
Chanter quand je suis fatigué
Des mensonges de leurs vérités.

Je ne suis rien dans l'univers,
Mais j'aime tant le doux mystère
Qui me rattache à cette terre,
Loin des croyances délétères.

Aimer une heure, un jour, un an
Ou bien aimer pour très longtemps,
Aimer comme un petit enfant,
Loin des orages et loin du vent.

Je ne suis rien sur cette terre,
Mais quand j'embarque pour Cythère,
Je deviens le plus beau des dieux
Pour une déesse aux grands yeux.
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       FOLIE


Vous ne saurez pas son visage,
Magnifique ou abominable,
Mage ou démon, argile ou marbre,
Imaginez l'imaginable :

Oeil vif ou paupière tombée,
Bouche en coeur ou lèvres coupées,
Sourire forcé, lèvres tordues,
Regard turbide de statue,
Charme enjoleur ou bien rictus,
Le blanc clown ou Monsieur Auguste.

Vous ne saurez pas son visage,
Magnifique et abominable,
Mage et démon, argile et marbre,
Imaginez l'imaginable :

La cicatrice de bas en haut,
L'homme qui rit de chez Hugo,
Quasimodo et Roméo,
Ange maudit, amoroso
Théorème de Pasolini,
Reflets de vos sens interdits.

Vous ne saurez pas son visage,
Des ans l'outrance ni le ravage
Non plus la jeunesse volage ...
Sa tête est partie en voyage.
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      COMPTE DE FEE


Baguette magique : 10 euros
Ailes blanches : 35 euros
Clochette : 15 euros
Hennin doré : 23,95 euros
Etoiles : petites 3,50 euros, grandes 5 euros
Rose à lèvre : 9,99 euros
Baisers : gratuit
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      TERMINUS



Il y a sans doute eu une erreur d'aiguillage
Et nous nous sommes retrouvés sur ce site cul-de-sac,
J'ai d'abord pensé à quelques minutes d'arrêt,
Mais le mécanicien a crié :"Terminus,
Gare de triage, le monde descend",
Peut-être qu'alors on prendrait l'autobus,
Pour continuer le voyage.
Mais j'ai vu dégringoler le monde,
Le monde indécent, descendre,
Cabot tombant de l'escabeau.
Et ce monde n'était pas beau,
Chacun se pressait pour avoir la meilleure place,
La première,
Pour laisser la trace de sa race,
La trace de sa grimace,
La trace de sa trace,
Sa trace de limace,
Et chacun avait la même bonne raison,
Même les enfants, … la raison du coeur …
Exit la raison de la raison.
La chaleur des beaux sentiments alourdissait les valises,
Le silence bloquait les respirations,
Les champs de vision sortaient des champs de vision,
Je me suis souvenu de mon dernier trou de mémoire,
Il devait être en train de se reformer ...

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LA VIE ICI ET AILLEURS


La vie,
Des mondes parallèles
Qui parfois s'entremêlent,
Le vide,
L'espace résonne,
L'espèce raisonne,
Résonne, raisonne,... sonne,... on...
Voix off, ...
Une étoile brille,
Vous brillez, ...désolé,
Moi, c'est l'obscurité,
Le piège à lumière, le trou noir,
Et vous ?
Moi c'est l'obscurantisme,
Le rejet de la pensée, l'excrétion,
Vous priez, … désolé,
Vide total, penthotal,
Abstraction des idées,
Attraction du prophète
Dernier faux météore,
Dernier vol de la mort ...






Les mondes parallèles s'entremêlent
S'entrechoquent,
La lumière,
Ligne droite
Déviée par nos planètes,
Les lunes dans nos têtes,
L'astronome, la lunette,
La course à la Grande Ourse,
Des étoiles dans les yeux des oursonnes,
L'espace résonne,
L'espèce frissonne,
Les mots doivent se tromper,
Les yeux peuvent se tromper,
Pas le coeur,
Pas le choix, pas le droit,
La pompe doit irriguer,
Enivrer le cerveau,
Boum, boum, boum, boum...
Les pieds sur terre,
La vie ...
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      MIYAMOTO MUSASHI

Il est là, attablé, silencieux,
Un bol de riz,
Sa tasse de thé est sa tasse de thé,
Ils l'ont remarqué,
Autour de lui ils s'agitent,
Comme les flammes des bougies qui vont s'éteindre,
De quel équilibre vient-il ?
De quel pays est son âme ?
Les querelleurs ne supportent pas son calme,
La proie semble facile,
Lequel donnera le signal ?
Ils guettent, ils hésitent,
Ils n'en peuvent plus,
Soudain le temps se fige,
Juste un éclair,
Une déchirure imperceptible de l'espace temps,
Un seul geste
Et l'impossible s'accomplit,
Alors ils comprennent...
Une demi-seconde de lucidité...
Puis la peur sur les visages blêmes,
La fuite, ou la certitude de mordre la poussière.
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RECHAUFFEMENT PLANE-ETHER



Les moutons bibliques omniscients
Produisent directement
La laine de verre
Pour isoler nos consciences
Des flammes de leur enfer.

Le grand saint-bernard, l'hermite,
Poursuit sa quête
Pour convertir l'or en plomb
Qui nous protégera des rayons X
De Sainte Brigitte
Et de son buisson ardent.

La température n'en finit pas de monter.

Le malin crustacé quête
De saison maquillée en maisons coquillages brisées
Mais plus personne ne donne,
Sauf quelques crapauds, ...côa … côa,
Et quelques corbeaux, ...croa ...croa

Alors il jette son dévolu et les dés
Sur la banquise de nos idées... perdues
C'est sûr il va gagner,
Il pense à son dernier Vendredi 13
Et à ces tristes Robinson
Seuls sur leur île surpeuplée,

Et là-bas la banquise...
Pleure des larmes glacées.
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 RENCONTRE au BORD de L'EAU



Mon odeur a posé
Sur l'herbe son baiser...
Et l'animal craintif,
L'animal étonné,
L'animal qui renifle
Ma trace pointillée.

De quel lourd souvenir
Suis-je dans son passé ?
Et son regard se fige
Ses naseaux sont dressés
Comme dans un vertige
Qui nous pousse à aimer.

Il s'approche et il flaire
L'animal que je suis
Et le troupeau le suit,
Tous, au bord du mystère.

Et puis, la main tendue
Essayant la caresse...
Mais le geste de trop
Trop brusque ou bien trop tôt...
Et la horde perdue
Qui s'enfuit au galop...
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     JOUR GRIS



C'était jour de malchance
Mais c'est sans importance :
Pas de pot, pas d'chagrin
Pas de peau de chagrin.

Le bougeoir de ses yeux,
Le boudoir de son coeur,
C'était pourtant sérieux,
C'était sucre et douceur,

Mais le temps endormi
De s'être trop promis
Et les oiseaux voleurs
Qui picoraient nos heures,

Comme si le destin
Se trompait de festin,
Que mon coeur sur sa main,
N'était plus son chemin.
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      INSPIRATION


A force de manger des cailloux,
Le poème était devenu lourd
Comme une paupière d'alligator
Et se trainait sur le parquet flottant
En battant la mesure de son unique pied vaillant.

Et soudain, dans ce flottement,
Des notes éclaboussaient de partout...
De ces petites bulles d'imagination coloriées
par des mains de poupée,
Qui s'échappaient en riant,
Jusque par delà l'envers du décor,
Là où l'on se rend
Lorsque l'on n'a rien d'autre à faire,
Juste comme ça,
Pour la caresse du temps.
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      REALITE


Et si le temps ne t'était plus compté,
Que ferais-tu de cette éternité ?

Tu pourrais lire sans peine tous les livres
Cent fois, mille fois, des milliers de milliers
Et si l'envie te prend, pourrais tout effacer
Pour réécrire et présent, et passé,

Tu pourrais dire, et puis tout inventer
Et tout détruire et tout réinventer,
Et mille fois encore recommencer,
Serais-tu sûr de ne pas te lasser ?

De tous les jeux tu pourrais te griser,
Joutes amoureuses ou jeux pour amuser
Tu pourrais tous, c'est sûr, les épuiser,
Serais-tu sûr de ne pas t'en user ?

Et si le temps ne t'était plus compté
L'envie te viendrait-elle seul'ment de commencer ?
Alors dis-toi que ce temps qui t'échappe,
Alors dis-toi que ce temps qui t'écharpe,
Est bien vivant puisque déjà mourant
Alors qu'un temps qui ne serait compté,
Infinité autant qu'absurdité,
N'aurait de sens puisque jamais mourant.
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   PROMENADE dans les BOIS


Je suis l'enfant,
Je me déplace à quatre pattes,
Je suis l'enfant,
Je passe sous les branches basses
Je suis l'enfant,
J'évite les pièges des grands,
Je suis l'enfant,
Je me faufile dans le sous-bois,
Je suis l'enfant,
Je bave et je grogne parfois,
Je suis l'enfant,
J'ai les yeux qui brillent souvent,
Je suis l'enfant,
J'ai un peu la langue qui pend,
Je suis le loup ...
Qui suit …
L'enfant.
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    PRECAUTIONS


J'ai toujours un marqueur,
Pour surligner les coeurs
Le long des avenues
Et des chemins tordus
Tapissés de rancoeurs
Et de fausses ingénues.

J'ai toujours un mouchoir,
Pour essuyer l'histoire
Au coin des yeux mouillés
De la pauvre orchidée
Qu'a perdu son trottoir
Pour un train de hasard.

J'ai toujours une chanson
Pour un oui, pour un non
Une contrefaçon
Volée à un oiseau
Dont j'ai noyé le nom
Au milieu des roseaux.

J'ai toujours un couteau,
Dans le pli du manteau
Un couteau sans pareil
A saigner les soleils,
Un rasoir, un gillette
A lame de poète...
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    MUSE FANTASQUE


(Je voulais écrire un sonnet, mais la muse parfois s'amuse, alors j'ai laissé ses oiseaux se poser entre les lignes).

Souvent je rêve d'elle, l'absolue poésie,
Nul amour, ni tristesse, nulle mélancolie,
Nullement transportée par de vains sentiments,
Nul artifice, nu-lle influence, oui ... nue,

Douze corneilles noires, une colombe blanche,
Absolu, infini, vague qui ne s'épanche,

Qui ne vous parle pas d'amour ou de faiblesse,
Qui ne vous hèle pas de ses cris de détresse,
Qui, non plus, n'éblouit de ciel et de lumière,
Et ne vous mielle pas l'âme de ses chimères.

Souvent je rêve d'elle, l'absolue poésie,
Insondable, ineffable, tous les rêves en un seul,
La chaleur de la voix, le timbre, les couleurs,

Quelque chose d'ailleurs, égaré dans l'ici,
Un peu comme une mort en manque de linceul,
Qui figerait l'esprit et qui clouerait le coeur.
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DANS L'RETRO


"C'était mieux hier,
Faut faire le gros dos,
Fermons la barrière,
Y'a trop de clodos,
Sauvons nos manières,
Planquons nos euros,
Hissons nos banières,
La guerre aux cocos..."

Les yeux dans l'rétro,
debout sur les freins...
ça sent l'ferodo:

"C'était pas pareil,
L'bondieu, les catho,
Des valeurs vermeilles,
Juliette, Roméo,
Pour le vrai zamour
Et les p'tits zozios,
Ah ! Les bons grumeaux,
Des mémés gâtieaux..."





Regard dans l'retro,
debout sur les freins...
ça pue l'ferodo :

"Faisons marche arrière,
C'était mieux hier,
Chimène au fourneau,
Le maître au bureau,
Fermons la lumière,
Pour ze numéro,
Ze compte à rebours,
Trois, deux, un, zéro..."

Le noeil dans l'rétro,
debout sur les freins...
ça pue l'ferodo...
l'garage est pas loin...
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   PAROLES INUTILES


Tant de choses à dire
Qui ne peuvent être dîtes
A cause des oreilles sourdes
Et de ces murs qui n'ont plus d'oreilles,
A cause de la pénurie de synapses,
A cause du manque de cause,
A cause de ce surplus d'inexistence
A cause de l'immobilité,
De la panne d'évolution,
A cause de l'absence d'imagination,
L'absence de capteurs,
L'absence de récepteurs,
A cause de la démagogie
Erigée en dogme libertaire,
A cause de la liberté de ne pas penser,
A cause de la liberté de se taire...

Trop de choses à dire
Qui ne peuvent être dîtes,
Tant de mots qui se méritent,
Tant de gaspillage
Et tant de gens qui ne valent pas qu'on leur dise les mots...
Juste le silence...
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    TROP FACILE


Je pourrais tomber dans la facilité,
Me percher sur un rayon de l'une
Ou me jeter dans les bras de l'autre,

Je pourrais vous émouvoir
Des malheurs de tous les enfants morts,
Battus, débattus, abattus,
Pauvres petits syc-amores,

Je pourrais m'ouvrir le thorax
Avec un tournevis crucifix
Et démonter mon coeur de pacotille,
Pour le montrer tel un trophée mystique,

Je pourrais vous faire pleuvoir d'absence,
De solitude, de chagrin ou de désespérance...

Mais ce serait trop facile,

Je pourrais vous conter la bonté du diable
La noirceur de l'âme
Et les anges de l'interdit,

Je pourrais vous troubler d'un regard,
D'un oeil en clin,
D'un lambeau de peau blanche
Ou d'une mèche blonde,

Je pourrais vous inviter sur mes chevaux de bois
Et mes chiens de prairie,
En de folles ivresses,

Je pourrais vous apprendre la main,
Et vous emmener promener,
Et vous faire l'humour,
Jusqu'au matin d'un jour,

Je pourrais vous avouer, vous murmurer,
Vous chuchoter des mots suaves et bleus,
Je pourrais crier vos rêves d'oiseaux et d'océans,
D'ailleurs et de néant,

Je pourrais vous bercer de mots lointains
Que vous aurez l'impression de connaître,
Mais juste l'impression...
Juste pour vous impressionner,

Je pourrais faire tout cela,
Mais je ne le ferai pas ...

Car ce serait trop facile ...
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LA VERITE


La vérité,
C'est cette heure assassine,
Cette aiguille tombée
Au cadran d'un été,
Cette aiguille arrêtée
Dans les bras d'une fille,

La vérité,
C'est le rêve pacotille,
D'une armée de paumés,
Le mensonge des braves
Qui bavent des drapeaux,
La boue jusqu'aux chevilles,

La vérité,
C'est le rêve en guenilles
D'un voleur de tango
Qui défie l'embargo,
Au fond de la pupille
Dilatée d'une fille,

La vérité,
C'est ce ciel allongé,
Qui ne veut plus bouger,
C'est ce faux numéro
Pour un guérillero,
Qui a largué ses billes,

La vérité,
Dis-moi,
C'est quoi,
Toi, le sais-tu ?
- La vérité...
La musique nue...
Quand l'orchestre s'est tu...
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     KASHMIR


Au bord du souvenir,
Quêtent quelques soupirs,
Un oiseau engourdi
Au printemps interdit,

Au bord du souvenir,
Guettent quelques sourires,
Des filles très jeudi
En rêves d'organdi,

Au bord du souvenir,
Un vertige se mire
Dans le lac endormi
D'un "été" ennemi,

Au bord du souvenir
Un chant monte :"Kashmir"
Il flotte dans la nuit
Et parfume l'ennui.
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      SYMETRIE



De l'autre côté du miroir
Tout se passait comme ici
Mais en plus froid,
En plus lent,
En plus noir,
Et là-bas aussi, beaucoup se demandaient
Ce qu'il y avait
De l'autre côté du miroir,
Et tous étaient impatients de savoir,
Et puis un jour,
Certains disparaissaient,
Ils réussissaient à passer,
Et ici,
On annonçait leur naissance,
Et puis le temps passait,
Comme de l'autre côté,
Mais en plus chaud,
En plus lumineux,
En accéléré,
Et personne n'était vraiment pressé
De passer
De l'autre côté du miroir

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      NAISSANCE



Les roses naissent dans les filles
D'une caresse de pétale,
Au petit matin virginal
Les roses éclosent, les roses explosent,
Doucement dans leurs yeux qui brillent

Les roses naissent dans les filles
Dans un parfum de feuillantine,
Dans un souvenir d'églantine,
De roses rouges en roses blanches
C'est la couleur qui les habille,

Les roses naissent dans les filles
Du haut en bas de leur corps tiges,
Dans un indicible vertige
Les roses explosent, les roses éclosent
En mystère de boutons vanilles

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      JOUISSANCE



Le vent de nos folies est né de cette brise
Innocente et légère, pour, sans bruit, devenir,
De la brise au baiser, ce souffle qui attise
La braise qui taisait ses rêves d'incendie,

Dansent mèches et flammèches sur ta nuque ravie
Danse le vent-follet dans tes foins de juillet,
Tu soupires au grand vent qui secoue nos envies
Et l'ouragan forcit dans ton regard inquiet

Mais bien tôt ton frisson réclame l'unisson
Tu luttes tendrement avec les éléments
Et puis tu abandonnes peu à peu la raison
Lorsque geint ton plaisir dans nos embrasements.

La fureur de ta flamme ravive mon tourment
Et puis s'enfle le vent, quand ta pudeur expire,
Puis le calme revient et à bout de désir,
Dans l'œil de ton cyclone, naît mon apaisement.
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    J'AI LAISSE



J'ai laissé sur le bord de la route
Un cerceau, un bateau et le ciel du mois d'août,
J'ai laissé, en ne pensant qu'à elle.

J'ai laissé là sur le bas-côté,
Un serrement, un diamant, une étoile d'argent,
J'ai laissé, en ne pensant qu'à elle.

J'ai laissé derrière moi le passé,
Un hiver, un été, un vent de liberté,
J'ai laissé, en ne pensant qu'à elle.

J'ai laissé à la porte sonner,
Un ami, un pays et le chat mistigri,
J'ai laissé, en ne pensant qu'à elle.

J'ai laissé rouler dans le fossé,
La douceur, quelques fleurs et un bout de ficelle,
J'ai laissé, en ne pensant qu'à elle.
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     LEUR VERITE


Ils ont chopé la vérité,
Comme on attrape un papillon
Pour l'épingler sur un carton
Et l'empêcher de s'envoler,
…Et ils l'exhibent avec fierté.

Ils ont chopé leur vérité,
Force et attrape, beauté bottée,
A ses frasques ils sont cramponnés
Et ils veulent en infecter
…Tous ceux qui pensent à leur portée.

Ils ont chopé la vérité,
Comme on attrape la vérole,
De descendance en innocence
Ils s'en sont fait une gloriole
…Et la brame avec indécence.

Ils ont chopé… leur vérité,
Sont pas près de ...la relâcher...
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     FEMMES



Les religieux de l'outre-tombe
Voudraient vous effacer du monde,
Vous garder femelles et servantes
Et vous accusent …d'être vivantes.

O femmes, levez votre peine,
Et sans aller jusqu'à la haine
Refusez sur vous l'anathème
Et à la vie, criez "Je t'aime"

Rejetez dans leurs catacombes,
Ces hommes plus froids que des ombres
Ces frustrés aux fourbes pouvoirs
Qui ne voient en vous que devoir.

Leur mensonge se veut vérité
Pour vous garder en esclavage.
Brisez leur féodalité,
Et ouvrez les portes des cages.

O femmes, colombes trop sages,
Portez haut et fort ce message
Criez de corps et de visages,
Et battez-vous, cœurs sous corsages.
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     ARCONCE



Près du moulin sans âme,
Tout près de Saint Didier,
La rivière fait des gammes
Pour les contrebandiers,

Hier c'était l'été,
Et malgré l'eau bien froide
J'y ai vu trois naïades
Venir y barboter,

Le poisson trop peureux
Ou alors trop heureux
De ces charmants appâts,
Négligea son repas.

L'Arconce à Saint Didier
Fait de l'œil aux touristes,
Mais la saison est triste
Pour le contrebandier...
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     ODE AUX E.G.M.



(E.G.M. Esprits Génétiquement Modifiés, c'est-à-dire modifiés par rapport à leurs géniteurs...)

Telle est depuis toujours cette nature humaine
A gémir sur son sort en regardant derrière,
Et de citer les pères rongés comme leurs terres,
Et d'oublier le fils, le vrai porteur de graines.

Aucune fleur nouvelle n'éclaire leur esprit,
Aucun désir de fruit ne se trouve en leur cœur,
Tant d'idées convenues, clonées avec ferveur,
Qui toujours et encore emprisonnent leur nuit.

A force d'y creuser l'uniforme sillon
Le jardin est aride, et rien n'y peut germer,
A moins qu'une semence, aux gènes libérés,
Transforme ce néant en espoir de moisson.

Que le chemin est long et la route tordue
Qui prétend que l'aïeul possède la sagesse,
Quand l'avenir s'étend en immense avenue,
Et que la peur du ciel est sa seule maîtresse !
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   LE e-VOYAGE D'ULYSSE



La vie était tranquille dans son petit Liré,
Quelques amis discrets et monsieur le curé,
La famille à Paris ou à Saint Désirat,
Les repères étaient clairs, sans détour ni claustra.

Et puis a défilé le monde à sa fenêtre,
Les fleurs éparpillées, les oiseaux imbéciles,
Les amitiés faciles et les sourires futiles,
Parfois un train fantôme et ses coupeurs de têtes,

Et tant de gens qui crient, tant d'autres qu'on enivre,
De ces faux sentiments de Parques à la dérive,
Un monde un peu trop gris pour colorer son livre,
Et bien trop éloigné de son désir de vivre,

Alors, pour recoller les carreaux de son être,
Il a ouvert sa porte …et claqué la fenêtre...
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   A VOT' BON COEUR



A vot'bon cœur m'sieurs dames
J'suis même pas prolétaire,
Pour moi c'est l'macadam
Et pour vous la bonn'terre,

Je sais, j'ai pas l'odeur
Comm' vous, de sainteté,
Mais j'ai aussi un cœur
Qui veut pas s'arrêter,

Quand j'ai vu vot' lumière
Alors je me suis dis
Faut p't'être croire aux prières
De vot' fond d' paradis,

Pour sûr, j'ai pas les lettres
Qu'on dit dans les écoles
Où s'qu'on forme les poètes
Et les chefs de bricole,

Mais, pour le sentiment,
Y'a pas b'soin du diplôme,
Y'a qu'pour le boniment
Qu'on fait reluire le psaume,

A vot'bon cœur m'sieurs dames
Je vous d'mande pas des larmes,
Just' un regard moins fier,
Et puis… de pas vous taire.
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    LA COUVENTINE


J'étais de ces enfances sages
En équilibre aux rampes d'escalier…

La pièce était petite, jolie comme une cage,
Un voile de lumière en parfumait l'ombrage,
Dans ce grand monastère, où l'on rendait visite
Mes chers parents et moi, à tante Marguerite,

Elle était souriante, de ces rondeurs bénies,
Et instillait l'amour, le calme et l'harmonie,
Dans la pièce accueillante, un fauteuil et trois chaises
Nulle rose inutile ne troublait son ascèse,

Posé sur un chevet, ce livre noir et blanc,
Moi, curieux, m'ennuyant, je le pris, hésitant,
Le regard de ma mère me gronda sans attendre,
Mais tante Marguerite m'invita à le prendre,

Il y était décrit, d'innombrables supplices
Infligés en Asie aux pères évangélistes
Là, des yeux arrachés, là, des langues coupées,
Des pieux perçant les chairs, des membres mutilés…

Je n'avais que dix ans et c'était un jeudi.
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  ENVIE DE SUPERFICIEL

(fictif : le marchand de têtes n'existe plus et ma coiffeuse ne s'appelle pas Marie-Charlotte)

Hier je suis allé chez le marchand de têtes,
Car la mienne m'était bien trop lourde à porter,
Même sans le chapeau et le poids de l'été,
Du plomb dans la cervelle, ça pèse sur la bête,

Je lui ai demandé une tête allégée,
Une vraie tête en l'air, genr' tête de linotte,
Une dans les nuages, à la "Marie-Charlotte",
Tout de neige et d'avoine en flocons mélangés.

Et il m'a proposé une tête à toto,
Une autre rabougrie de chez les Jivaros,
Comme j'ai bien compris qu'il se payait la mienne,

Sans demander le reste, j'ai changé de boutique
Et chez Marie-Charlotte, ma coiffeuse païenne,
J'ai alors retrouvé ma tête cosmétique.
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     LADY



Lady, que vous vous caressâtes
D'un doigt, de deux ou bien de trois,
D'une plume ou d'une main moite,
D'un canard vibrant ou de bois,

Votre pratique et religion
Comme la chèvre à la légion
Est là pour bien vous satisfaire
Mais ne devrait franchir la sphère

Du privé de vos effusions
Sous peine d'être aussi vulgaire
Qu'un vendeur de télévision.

Lors, souffrez que je déclarasse
A votre endroit et votre envers
Que je m'en branle, de vos orgasmes.
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    SERENITE



Je ne souffrirai plus, ni de votre douleur,
Ni même de la mienne, ni de celle des fleurs
Tant est sérénité cette envie d'exister.

J'ai accepté la mort comme finalité,
Comme l'oiseau, la feuille ou le dernier été
Qui terminent leur cycle pour perpétuer
Au travers d'autres vies, un peu d'éternité.

Je me suis dégagé de tous vos dolorismes,
De vos philosophies de tristesse et d'ennui
Tellement inculquées depuis la nuit des nuits,
Que de nous en délier, ce semblait impossible,

Et pourtant je l'ai fait…

Je tremble simplement de savoir cet état
Où le Soleil perdra lui aussi son éclat,
A moins que d'ici là, un Homme émancipé,
Ait prévu ce constat et l'ait anticipé :

Préparant sans frayeur son voyage lointain
Au cœur de l'univers, sans être clandestin,
Dans son regard si clair il tiendra l'avenir
En promesse de vie qui ne saurait mourir,

Il ne souffrira plus ni de votre douleur,
Ni même de la sienne, ni de celle des fleurs
Tant son envie de vivre sera sérénité,
Lui, le simple maillon de cette Humanité.
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    MENACE



Parce que la menace dépassait les nations,
Parce que la menace nécessitait l'alliance,
Parce que la menace leur imposait l'urgence,
Ils oublièrent tous mythes et religions
Abandonnant ainsi querelles et passions
Abandonnant douleurs, amours et déraisons.

Comme l'espèce était menacée d'extinction,
Leur cœur enfin s'emplit de l'envie de survivre
Ils arrêtèrent aussi leurs larmes et leurs cris
Et associèrent enfin leurs idées et leurs livres,
Chacun selon son sang réveillant son esprit
Afin de trouver là, vite une solution.

Et l'on vit les grands prêtres qui demandaient pardon
Et laissaient la voie libre à l'éclat des lumières
Et l'on vit les notables proposant leurs millions
Afin d'accélérer la roue des idées claires,
Et chacun pris sa place, donnant ce qu'il pouvait
Sans la moindre grimace, lui, maillon, lui, rivet.

La chaîne se forgea pour vaincre à l'unisson,
Et l'espoir remplaça la croyance à façon,
Bientôt se profilât la docte solution
Et chacun pris conscience du rêve-évolution.
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    INNOCENCE



L'enfant, loin des adultes gourds, grandit et ose.
Au hasard de ses jeux,
Il se construit un nid de sucres d'orge roses
Ou bien d'ogres hideux.

La maison voûtée, sous les ans, retient ses murs,
Et l'escalier glissant
En condamne la cave à l'oubli et l'obscur
Des dragons croupissants.

"Il est trop dangereux d'en risquer la descente,
Fillette, tu dois craindre l'horrible rencontre
Des bêtes de ce lieu".

Et l'enfant minaudant, curieuse, innocente :
"Est-ce que tu peux, papa, me montrer tous ces monstres,
Juste un tout ptit peu".
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        LIBRE


(Un jour j'apprendrais à lire dans le regard des gens)


C'était un temps à ne pas laisser un chien à l'intérieur,
Les bruits sentaient le moisi et la nuit
Malgré les étoiles peintes dans les flaques de leurs vies.

Le ventilateur brassait et embrassait
Comme des paumés une nuit de l'an, à Mijoux.
…Des odeurs, rien que des odeurs mélangées.

Alors tu m'as pris par la laisse
Et nous avons tiré dans le même sens
Nous avons appuyé sur la gâchette de la vie,
Nous avons attelé le grand traîneau
Et notre rire a glissé sur la neige,
L'aboiement de l'écho a répondu avec l'honnêteté du désespoir,
Et ils ne sont pas près de nous rattraper.
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    ATTRACTION LUNAIRE



Tant de millions d'années
A tant tourner en rond,
Calendrier de plomb,
La lune s'ennuyait.

Elle fit les yeux doux
A un géo croiseur
Qui vaguait comme un fou,
Et lui tendit son cœur,

Et l'étrange étranger
En a dévié sa route
Vers la belle en déroute
Pour venir la frôler,

S'en est tant approché
Qu'il n'a pu la quitter
Et n'a su s'arracher
A sa courbe aimantée.

Et depuis cette nuit
Où l'amour l'a surpris
Il valse à la folie
Tout autour de sa mie,

C'est pourquoi certains soirs
Si l'on regarde bien
Dans le ciel on peut voir
Deux astres qui ne font qu'un.
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    THEATRE



Les pipes de la locomotive du temps
Se taillent dans le hurlement du leitmotiv,
Les ahanements de la bête
Remplacent l'incontinence gyroscopique des rayons oniriques,
La meneuse de revue déchire la page
Et le haut du corsage pleure en appelant la pointe du chausson d'or.
"Priorité à la terre ", crie le ciel
Avant d'applaudir le double axel.
Mais les rangées de spectateurs sourds confisquent les mains qui applaudissent,
Et les nuages grimacent.
"Tournez manège" harangue la harengère nègre
Et les mégères maigres prennent place tout au fond des chaises musicales,
La musique, l'air de rien, fait tourner les pages.
A force de contorsions et de ridicule,
Quelques mégères plus légères apprivoisent le rythme,
Mais rien n'y fait, la locomotive se trémousse, tousse, crache et ahane…
Au dernier rang un spectateur solitaire rêve qu'il se réveille enfin,
Et bientôt la dernière chaise s'écrase
Sous le poids du rideau qui tombe,
Alors, les projecteurs projettent la foule à l'autre extrémité de la nuit,
Quelque part dans une rue,
Là où le balayeur souffleur rassemble les dernières feuilles tombées des strapontins
En se disant que c'est encore un très beau soir d'automne…
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