Ecritures de jeunesse

  1.  Mirage 
  2.  Tristesse 
  3.  Nocturne 
  4.  Le cirque 
  5.  Déchainement 
  6.  Cerf-volant 
  7.  Transparence 
  8.  Dans la vitrine 
  9.  Esquisse 
  10.  Vertige 
  1.  Questions 
  2.  Exil 
  3.  Ode à ... 
  4.  Alice 
  5.  Ecriture 
  6.  Jungle 
  7.  Avenir 
  8.  Quatorze juillet 
  9.  Cauchemar 
  10.  Paris 
  1.  Métamorphose 
  2.  Desespoir 
  3.  Glissement  
  4.  A la muse 
  5.  Errance 
  6.  Envie 
  7.  Nougaro 83 
  8.  Habitude 
  9.  Attachement 
  10.  Suicide 
  1.  Attente 
  2.  Extase 
  3.  Douceur 
  4.  Heureux 
  5.  Garde à vue 
  6.  La ville 
  7.  Doutes 
  8.  Et après 
  9.  Musique extrême 
  10.  Solitude 
  1.  Chaleur d'été 
  2.  Evasion 
  3.  Monotonie 
  4.  Soir d'été 
  5.  Eternité 
  6.  Vivre 
  7.  A elle 
  8.  Après l'accident 
  9.  L'orage 
  10.  Premier mai 
  1.  Ennui 
  2.  Oiseau noir 
  3.  Moisson 
  4.  Hibernation 
  5.  Pierrot 
  6.  Loire 
  7.  Lassitude 
  8.  Fuite du temps 
  9.  Triste dimanche 
  10.  La mort 
  1.  Mystère 
  2.  Misère 
  3.  Rêverie  
  4.  Douceur de vivre 
  5.  Dérision 
  6.  Après l'hiver 
  7.  Un lit 
  8.  Imprudence 
  9.  Fantaisie 
  10.  Insouciance 
  1.  Simplicité 
  2.  Après ma mort 
  3.  Renaître 
  4.  Accident 
  5.  Prison 
  6.  Infirmerie de garnison 
  7.  Mourir 
  8.  Destinée 
  9.  Alchimie 
  10.  Remords 
  1.  Mourmelon 
  2.  Plénitude 
  3.  Passion 
  4.  Villes 
  5.  Villeneuve 
  6.  Folie 
  7.  Après l'éxécution 
  8.  Prémonition 
  9.  Ballet nocturne 
  10.  Vagabondage 
  1.  Envoûtement 
  2.  Blues 
  3.  Délivrance 
  4.  Conférence 
  5.  Doute 
  6.  Errance 
  7.  Désamour 
  8.  Survie 
  9.  Etat de choc 
  10.  Le temps 
  1.  Labo photo 
  2.  Fille de la nuit 
  3.  Kafka  
  4.  Contagion 
  5.  Irlande 
  6.  Regrets 
  7.  Troubles 
  8.  Amour 
  9.  Printemps 
  10.  Tu mangeras 
  1.  Contresens 
  2.  Amour 
  3.  Résolutions 
  4.  ça fait mal 
  5.  Lisa 
  6.  J'veux pas 
  7.  Violence 
  8.   
  9.   
  10.   


      MIRAGE



Regarde ces formes bizarres
Qui roulent dans le jardin,
On dirait des coquillages,
C'est la mer qui nous revient.

Ecoute le bruit des vagues
Qui dansent dans le matin,
Ecoute les coquillages
Et descends dans le jardin.

Regarde, on dirait des algues
Tout de rose et tout de brun,
Touche-les du bout des doigts,
Prends les au creux de ta main.

Imagine le vent, le sable,
La vague au creux de tes reins,
Ecoute l'oiseau sauvage
Et respire l'air marin.

Regarde ces formes bizarres :
Elles disparaissent au lointain
Comme s'en vont les nuages…
Et la mer est déjà loin.
haut de page


       TRISTESSE



Derrière les fenêtres trop sages
D'un immeuble de vingt étages,
Ne sens-tu pas tous ces regards
Ces tristes yeux qui te tutoient ?

Moi, quand je passe dans la rue,
Je voudrais passer en courant
Ou m'enfermer dans ma mémoire,
Pour ne pas y voir tous ces gens.

Ne sens-tu pas toutes ses peines
Qui viennent s'ajouter à la tienne,
N'entends-tu pas à chaque pas
Le poids de tout leur désarroi ?

Moi, je vois des murs et partout
Les mêmes yeux abandonnés,
Coulés à même le béton,
Sans vie, sans joie, sans illusion.

Alors quand je rentre chez moi,
Derrière ma fenêtre bien sage,
J'imagine des paysages,
Des rires, des fleurs, des fruits sauvages
Pour redonner un peu d'espoir
À ceux qui passeront par-là...
haut de page


         NOCTURNE



La rose et l'anémone
Referment leur corolle,
Le ciel glisse sans bruit
Sur le jour endormi

Et lorsque le soleil
A perdu ses pétales,
Il s'éteint doucement
Dans une eau de cristal.

On entend le frou-frou
D'une robe de soie,
C'est le frémissement
Des feuilles dans le soir.

Un oiseau de silence
Crie dans le ciel éteint,
Il vole, plane et danse
Jusqu'au petit matin.
haut de page


       LE CIRQUE



Des chevaux présentaient
Leurs tripes dans leurs mains,
Et puis on y voyait
Passer des chevaux nains.
Un rossignol en proie
À quelque désespoir,
Mourait dans la nuit noire,
Suicidé pour un soir.

Alors venaient les chiens
Habillés en indiens,
Et l'homme surhumain,
Un fouet dedans sa main.
Et tous les gens riaient,
Et ils applaudissaient,
Ils en redemandaient.
C'était un grand succès,
C'était le cirque,
Et un enfant pleurait.
haut de page


       DECHAINEMENT



Voilà le vent,
Voilà l'orage,
Et tout s'enchaîne,
Tout se déchaîne,
Les éléments,
Deviennent amants,
Tout se déchire,
Tout est soupir,
Ruissellement,
Et tremblement,
Et puis l'ivresse,
Tombe en averse,
Et le délire
Nous délivre.
haut de page


       CERF-VOLANT



Comme une marionnette
Au sourire figé,
Avec de grands yeux noirs
Et un cœur en papier,
Balancé par le vent,
Je monte et je descends.
Je vais de fleur en fleur
De soleil en soleil,
Et je plane et je vole,
Tout là-haut dans le ciel
Avec les grands oiseaux...
Et puis le vent se calme…
Je ne sais plus voler,
Je tombe sans cri, sans larme,
Mes fils s'entortillent
Et je reste immobile.
haut de page


      TRANSPARENCE



Imagine un nuage,
Il est loin,
Il est blanc,
Il brille sous le soleil,
Tu t'approches de lui,
Il vient vers toi,
Il est vivant,
A mesure qu'il approche,
Il se transforme,
Tu t'aperçois qu'il est moins blanc,
Et à mesure qui se transforme,
Tu sens qu'il disparaît,
Qu'il s'enfuit,
Alors tu cours à sa rencontre,
Pour ne pas le perdre,
Pour le retenir,
Enfin tu le touches,
Mais il est transparent,
Et tu ne vois plus rien,
Il n'y a sur tes doigts
Que la rosée :
Trois perles oubliées
Qui dansent dans la lumière.
haut de page


     DANS LA VITRINE



Dans la vitrine
Le pingouin hoche la tête,
Il me regarde,
Il me voit,
On dirait qu'il va parler,
Il parle,
Il raconte sa vie de pingouin,
Froidement,
Sans sentiment,
Sans regret, ni amertume.
Il raconte ses voyages
De l'Egypte à New-York,
De New-York à Pékin
Et de Pékin à Moscou :
Tout en haut des citadelles,
Il a vu des hirondelles
Et dans le désert brûlant,
Il a vu des goélands
Qui rampaient
Qui se taisaient,
Il a eu peur,
Il a eu froid,
Il est parti.
Et dans la vitrine,
Le pingouin s'est arrêté,
Il a souri,
Et tout à coup
Le pingouin s'est envolé …
haut de page


      ESQUISSE



Fébrilement la main
Traçait sur le papier
Des formes imagées,
Des formes sans danger.

Et tout à coup, soudain,
Sans y comprendre rien,
Les formes s'éveillaient
Et la vie se formait.

De ce tracé inerte,
Une main inexperte
Avait changé les traits
Comme une magicienne.

Nul ne guidait la main,
Ni homme, ni esprit,
Elle suivait la courbe,
La courbe la suivait.
haut de page


       VERTIGE



Je suis au bord du gouffre,
Je suis ivre et je souffre,
Je vais fermer les yeux,
Et perdre l'équilibre.

J'entends le sifflement,
D'un train aveugle et sourd
Qui roule dans mon crâne
Et me perce les tympans.

Lorsque le train s'arrête,
Des tam-tams résonnent
Tout au fond de ma tête
Et ils tapent et ils cognent.

Ils sortent de la jungle
Pour chasser les esprits
Et leurs rires et leurs cris
Se perdent à l'infini.
haut de page


      QUESTIONS



L'instant est-il folie
Ou bien lucidité,
Quand la nuit dévorante
M'invite à oublier,
Quand d'un trou de mémoire,
Je fais une orchidée,
Et quand une idée noire
Sur moi vient se poser ?

L'instant est-il folie
Ou bien lucidité,
Quand d'un miroir brisé
S'envole un arc-en-ciel,
Quand d'un soleil d'acier
Roule un couteau de miel,
Et que dix mille abeilles
Viennent le dévorer ?

L'instant est-il lucidité
Ou bien folie,
Quand la flamme rougit
Au bout du revolver,
Quand la vision se trouble
Sous le poids des paupières,
Et quand la nuit enfin
Dévoile sa lumière ?
haut de page


      EXIL



Quand je m'exile au fond
De tes yeux caressants,
Pour un lointain voyage
Au large d'Ouessant,

Je deviens solitaire,
Navigateur errant,
Poursuivant des chimères,
Promenées par le vent.

Et les vagues me parlent
D'une infinie tristesse,
Blanche comme l'arcopal,
Pâle de mon ivresse,

Et je noie mes silences
Au milieu des silences,
Et je n'aperçois pas,
D'autre rive que toi.
haut de page


ODE à …



Tes cheveux maritimes
En algues serpentines,
Tes yeux papillons noirs
Et ta bouche mutine,
Tes mains de coralline
Et tes seins "opaline",
Un peu d'Espagne noire
Dans ton regard miroir,

La pluie sur tes cheveux
En larmes enfantines,
Ce rien qui me fascine
Et tout qui m'assassine :
Ta voix, tes mains, tes lèvres,
Ta joie, tes nuits, tes rêves,
Ta façon d'être belle,
Même sans le vouloir,








Ton corps que j'imagine,
Ton corps qui se devine,
Mes rêves qui s'égarent
En frôlant ton regard,
Ce soleil maquillé
De deux doigts de rimmel,
Et ton rire en cascades
De fleurs et de dentelles,

Tu hantes mes silences,
Tu hantes mon sommeil,
Tout de toi m'ensorcelle
Et me ronge et m'appelle,
Je meurs de ne rien dire
Quand je voudrais crier,
Je meurs par ton sourire
A jamais égaré.
haut de page


ALICE




Je courais sur un fil
Et le fil a cassé,
Je suis tombé du lit
À moitié réveillé,
À moitié endormi,
J'ai attaché les draps
Au barreau descellé
Et je suis descendu
Glissant le long du mur,
Un oiseau est passé
Qui m'a dit de voler,
J'étais bien étourdi,
Pourtant je l'ai suivi,
Et puis je suis tombé
Comme on tombe du nid
Quand on sait pas voler.








Encore tout engourdi,
J'ai ramassé les cartes
Laissées sur le tapis
Et j'ai donné les as
Au premier qui passait,
Mais il n'est pas passé,
Enfin, pas le premier.
Puis j'ai distribué
Les dames et les valets,
Les valets pour servir,
Les dames pour danser
Et les rois sont restés.
Des rois pour commander
Personne n'en voulait,
Alors la nuit venue,
Ils ont suivi l'étoile
Et puis ont disparu.
haut de page


      ECRITURE



Poème en vers,
Poème en prose,
Parole en l'air,
Parole en rose,
On rime à rien,
On touche à tout,
Tout à l'envers
Lorsque l'on ose.
haut de page


     JUNGLE



Dans l'eau du lagon bleu et rose,
Des crocodiles en peau de sac
Font claquer leurs mâchoires.
Dans l'eau flottent des ecchymoses,
Des meurtrissures, des ichtyoses
Et l'eau du lagon devient noire.

Déchirure de cette journée
Qui ne veut pas cicatriser
Tout en haut de l'anacardium
Un cacatoès à rayures
Hurle à la lune et au soleil.

Soudain illuminant le ciel,
Une araignée du soir, espoir,
Fine robe, fine dentelle,
Tombe tout droit du firmament.

Tombe sur le cacatoès
Qui tombe de l'anacardium
Dans la fange du lagon noire,

Et là, dans un bruit de mâchoire
L'oiseau a perdu la mémoire.
haut de page


AVENIR



Je me promène dans la rue,
C'est l'automne,
Les lampadaires perdent leurs dernières feuilles.
Des gens me croisent,
Ils ne savent pas comme je les hais.

Je les hais,
Parce qu'ils sont gros et laids,
Parce qu'ils sont lourds,
Parce qu'ils n'ont rien d'humain,
Dans cette ville tambour,
Dans cette ville prison,
Cette ville dépression,
Cette ville tour,
Cette ville qui les a intégrés,
Dévorés, désintégrés,
Et puis recollés sur mesure.








Je les hais,
Parce qu'ils se sont laissés faire,
Parce qu'ils ont tout accepté,
Le bien-être, le confort,
Le matraquage,
L'abrutissement,
L'anéantissement de leur lucidité.

Je les hais,
Parce qu'ils ne sont plus,
Que des cartes perforées,
Qu'on juxtapose à coup d'ordinateurs.

Je les hais,
Parce que j'ai peur,
D'un jour leur ressembler.
haut de page


    QUATORZE JUILLET



Noir le soir,
Noire la foule folle,
Et soudain claquent les arcs-en-ciel
Au ciel catin,
Fumerolles,
Essaims d'abeille illumineuses,
Mosaïques éclatées,
Guirlandes de polichinelle,
Impuissance des étoiles
À se faire respecter,
Confettis arrachés au soleil
Pour prolonger le jour,
Magie blanche, magie noire,
Magie incandescente.

L'enfant halluciné
Ouvre tout grand ses yeux,
Rêvant de guerre
Et d'ennemis lointains
Quand ce ne sont
Que les feux de Bengale
D'un bien triste festin.
haut de page


     CAUCHEMAR



La bête agonisait
Et j'étais dans son ventre,
Me tordant avec elle
À chaque soubresaut.

Je l'entendais gémir
À travers ses blessures
Et guettais sa froideur
Qui venait d'heure en heure.

Un liquide visqueux
Imprégnait mes chaussures,
Appelant la nausée
Et soulevant le cœur.

Le flot gluant et noir
Sentait déjà la mort
Et la triste figure
Secouait bas le corps.
haut de page


     PARIS



Dans cette ville,
Où que se porte le regard,
Les yeux ne rencontrent que des murs,
Des murs sales,
Des murs gris,
Des murs de brique,
De pierre ou de béton,
Et le regard s'y use,
Et le mur devient meurtrissure,
Et les yeux sont fatigués
À force de s'y cogner,
Et les yeux deviennent durs,
Et les yeux deviennent murs.
haut de page


    METAMORPHOSE



Tout l'être se transforme
Pour n'être plus que forme,
Que panse, que ventre, qu'antre,
Qui se gonfle et qui enfle,

Même pas accoucheur
D'un rat, d'une souris,
Mais bedaine et rondeur
Trop remplie, trop nourrie.

Obèse bien à l'aise,
Qui mange, qui boit, qui baise,
Obèse du cerveau,
Des yeux, du cœur, des os,

Et bientôt de l'esprit,
Esprit qui devient lourd,
Esprit qui devient moite,
Esprit qui devient ventre.
haut de page


     DESESPOIR



Une morsure noire
M'a déchiré la poitrine,
Pour recouvrir mon cœur
De son asphalte bouillonnant,
Des vapeurs rauques
Ont gonflé mes poumons,
Et des vagues violentes
Ont secoué mon front,
En silence j'ai appelé au secours,
Naufragé paralysé
Par quelque calculatrice froideur,
Mais seul le vent a répondu,
En faisant claquer les portières.
Le venin faisait déjà son office
Dans mes veines,
Et nul n'était besoin de crucifix,
Ni de prière,
Ni même de toute autre verveine.
Alors je me suis laissé engloutir,
Retournant au néant livide,
D'où tu m'avais sorti,
Quand tu m'avais souri.
Je m'étais cru un instant palissandre,
Mais je n'étais en fait
Que poussière et que cendre,
Et le vent m'a éparpillé,
Et le vent m'a époussiéré.
haut de page


     GLISSEMENT



Mes membres s'engourdissent,
Mes paupières frissonnent,
S'en faudrait pas beaucoup
Que je m'endorme.

Mon corps s'immobilise
Et sombre doucement
Vers la tiédeur tranquille
De l'océan néant.

Je descends inconscient,
De la rive à la vague
Et mon esprit ballant
Glisse nu sur le sable.

Il glisse lentement,
Vers le sable mouvant,
S'en faudra pas longtemps
Avant qu'il s'y enfouisse.
haut de page


     A LA MUSE



Egoïste entre tous,
Je viens vers toi
Pour réveiller l'inspiration
Qui me chagrine,
Je viens voler un peu
La clarté de tes yeux,
Un peu aussi ta voix
Et un peu ta tristesse.
Je viens surprendre le tic-tac du réveil
Sur ta table de nuit,
Je viens te deviner
Derrière ces silences qui me gênent,
Je viens vers toi,
Et je ne te connais même pas.
Je viens vers toi,
Pardonne-moi
Si tu hante mes poèmes.
haut de page


ERRANCE




Dans ma solitude surpeuplée,
J'arrache les pages de mes cahiers
Et les regarde s'envoler,
Cendre grise dans le cendrier.

Y'a plus de thé dans la théière,
Le temps m'a volé mes prières,
Le jour se cache sous mes paupières,
Demain sera bientôt hier.

J'invente des nuits et des nuits,
Des nuits sans nombre, des nuits sans ombre,
Des nuits fantômes de la nuit,
Où je traîne avec la Folie.








Je traîne dans ces villes désertes,
De terrain vague en vague à l'âme,
Je sais que je cours à ma perte,
A chercher cette voix de femme.

Et je rentre toujours absent,
D'errements en égarements,
Ne reste plus que le présent,
Qui dure, dure infiniment.

Ma tête glisse sur l'oreiller,
Y'a plus d'encre dans l'encrier,
Je noircis encore le papier
Pour ne pas m'entendre crier...


      ENVIE



Envie de claquer sa ceinture,
Et se jeter sur un pylône,
Envie de finir pourriture,
Ecrasé par un dernier train,
Envie de déchirer son cœur,
Et fracasser sa fontanelle,
Envie d'éclater sa pudeur,
À la barbe des immortelles,
Envie d'un hallucinogène,
Dans le fond d'un fumoir-mouroir,
Envie de se dévanouir,
En éther ou en ostensoir,
Envie de souffler les chandelles,
Et retrouver le premier soir,
Envie de finir son histoire,
Parce qu'on n'est presque rien pour elle,
Envie d'un trou dans une tête,
Beaucoup mieux qu'un trou de mémoire,
Envie d'une valse muette,
Pour oublier le fandango,
Envie d'aller à La Villette,
Pour un tout dernier numéro,
Envie d'une toute autre vie,
Envie de n'avoir plus envie.
haut de page


     NOUGARO 83



L'orage préparait
Ses claviers et ses cuivres,
Et l'homme est arrivé,
L'homme singe,
L'homme oiseau,
Mi-démon, mi-taureau,
Et sa voix de rocaille,
Couvrant la voix du diable
Et la voix du tonnerre,
Devenait voix de l'âme.

La pluie ne s'y trompait
Quand elle scandait le rythme,
Compagne d'harmonie,
Pour un soir elle aussi,
Et l'homme tout de roc,
Devenait bronze et or,
Et l'homme se tordant,
Devenait météore.

Au ciel les étoiles
Jalousaient la romance,
Et le rythme et le feu,
Et la fleur de jouvence.
haut de page


HABITUDE



Toujours les mêmes visages
Qui ne regardent pas,
Toujours ces silhouettes
Agressives ou fluettes,

Ce manque de silence,
Ce manque de présence,
Ce surplus de confort,
Et ce manque de manque.

Toujours ces presque fleurs,
Qu'on trouve presque belles,
De les voir chaque jour
Et de ne voir qu'elles.

Toujours ces rues trop droites,
Et ces allées piétonnes,
Et ce rouge écarlate,
Qui n'étonne plus personne.







Toujours l'espoir qui meurt,
À force d'être ailleurs,
Et l'ennui qui s'ennuie,
De se trouver ici.

Et ce soleil fiévreux,
Et ce ciel poussiéreux,
Et ce gris dans tes yeux,
Qui devrait être bleu.

Et toujours l'habitude
Qui nous meurt peu à peu,
Et toujours l'habitude
Qui nous habille de vieux.
haut de page


    ATTACHEMENT



Je suis l'ombre,
Je te suis,
Tu me hais,
Je m'attache
À tes pas.

Je suis la tache,
Tu m'essuies,
Je m'en vais,
Et reviens
Sur mes pas.

Je suis l'homme,
Et je suis,
Et tu es,
Et nous sommes,
Et je t'ai.
haut de page


     SUICIDE



Un coup de feu qui claque,
Une tête qui éclate,
Des cheveux écarlates,

Un revolver s'envole,
Une ombre sans parole,
S'éteint sur le tapis.
haut de page


      ATTENTE



Ombre de la nuit,
Ombre de minuit,
Qui glisse sans bruit,
Qui glisse endormi,

Silence d'argent,
Silence inquiétant,
La lune frémit,
La lune blanchit.

Un pas dans l'escalier,
Une porte qui grince,
Un souffle qu'on retient,
Un bruit de clé,
Et puis plus rien,

De nouveau le silence,
Les lumières s'éteignent,
On sent venir l'absence,
La solitude …
Et puis la peine.
haut de page


      EXTASE



Je me cherche,
Je te trouve,
Je te vois dans mes yeux,
Je t'appelle en silence,
J'ai peur quand tu es là,
Tu regardes étonnée,
Un sourire étoilé
Me brûle et me consume,
Je m'envole en fumée.
haut de page


     DOUCEUR



Comme l'eau du miroir
Se trouble au gré du vent,
Je te découvre
Et mon esprit se trouble.

Un brouillard me recouvre
Léger et bienfaisant,
Il apaise mon âme
Et caresse mes sens.

L'aurore est immobile
Comme un philtre magique,
Là, un oiseau s'envole
Et je cligne des yeux.

Mon regard est à toi
Ma voix n'est que murmure,
Je n'attends plus qu'un signe
Pour être mal heureux.
haut de page


     HEUREUX



Sentant la mort venir
Il est allé s'asseoir
Sur le vieux banc de pierre
Habillé par le temps,

Le dos contre le mur
Il a chauffé son corps
Une dernière fois
Au soleil de l'été,

Il aimait ce silence
Des arbres et des champs
Il aimait regarder
Rien que pour regarder,

Et les yeux grands ouverts,
Le cœur calme et serein,
Sur le vieux banc de pierre
Il a dormi sans fin.
haut de page


    GARDE A VUE



Dans un commissariat,
La pendule arrêtée
Soupire...

Un brigadier en armes
L'accuse
De vieillir.

Ils l'ont interrogée,
Fouillée
Et torturée,
Mais elle ne dira rien.

La pendule entêtée
Ne livrera pas
Ses complices :

Ils n'arrêteront jamais
Le temps
Ni les saisons.
haut de page


     LA VILLE



La ville,
C'est une main d'acier
Qui me serre et m'étouffe,
C'est une camisole
Pour un homme qui meurt
Un peu plus chaque jour
Sans larme et sans amour.

C'est la prison moderne,
C'est le mur de l'école,
Les fous sont dans la rue
Et ils jouent du klaxon,
Les malades se tuent
Il n'y a plus personne.
haut de page


     DOUTES



Quand elle me regarde,
Mes yeux s'enfuient au loin
Et lorsqu'elle n'est pas là
Je la vois devant moi.

Faudra-t-il un beau jour
Lui dire qu'elle est belle ?
Est-ce que parler d'amour
Ne détruit pas le rêve ?

J'ai peur de ses dents blanches
Qui éclatent en riant
Et de ses yeux changeants
Où brûlent des diamants.
haut de page


ET   APRES



Ma mort sera verte
Avec des ailes bleues,
Ou bien peut-être bleue
Avec des ailes vertes,
Qu'importe la couleur
Quand mes yeux seront morts.

Mes amis deux par deux
Regarderont mon corps
Et puis baissant les yeux
Diront : "il est bien mort..."
Plus besoin de prière
Pour descendre en enfer.

Des messieurs en chapeau
Que je ne connais guère
Et des dames en noir
Viendront aussi me voir,
Pour ces femmes si belles,
Ma mort sera cruelle.






Il y aura aussi
Ceux que j'ai oubliés
Et qui parlent tout bas
Pour pas me réveiller,
Il'y aura tous ceux-là
Et puis quelques curieux.

Un oiseau chantera
Et les enfants riront,
Car les enfants sont gais,
Qu'importe les adieux,
Qu'importe les regrets,
Puisque je serai mort.
haut de page


     MUSIQUE   EXTREME



La musique est en tas
Là devant tes oreilles,
Tu voudrais faire un tri
Au milieu de ses cris,
Les musiciens ferraillent
Et volent ton sommeil,
La musique "pagaille"
Fait éclater la nuit.

Tu cherches un chant meurtri
Dans un regard bleui,
Tu cherches un infini
Loin des mélancolies,
Sa courbe sensuelle
Te brûle la cervelle
Et la musique crie,
Et la musique jouit.

haut de page


     SOLITUDE



Un aveugle joue aux cartes,
Près du feu, le chien s'endort,
La neige tombe et le vent souffle,

La porte s'ouvre,
La neige est froide,
Le vent et dur.

L'homme se lève,
La porte claque,
Le chien sursaute...

Près du chien, le feu s'endort,
Assis à la table qui boite,
Un aveugle joue aux cartes.
haut de page
<


     CHALEUR D 'ETE



Sur le mur de la décrépitude,
Un lézard se chauffe au soleil,
Quelques insectes bourdonnant
Chantonnent d'anciennes prières.

Les fleurs jetées devant la pierre
Crépitent sous la flamme vermeille,
Des oiseaux pleurent dans les feuillages
Et l'arbre meurt avant son âge.

Quelques nuages abandonnés
Cherchent un coin sombre pour pleurer,
Mais tout le ciel n'est que lumière
Et le soleil rêve d'enfer.
haut de page


    EVASION



Un chien noir
Sur un balcon,
Qui tourne,
Qui saute,
Comme un homme en cage.
Il voit les grilles du balcon
Qui dansent.
Dans la vitre,
Il voit un autre chien,
Un chien noir,
Et il l'envie,
Derrière sa vitre,
Et il tourne,
Et il saute.
Derrière les grilles du balcon,
Il voit les arbres et les oiseaux
Et il entend la ville,
Alors il saute,
Plus haut encore,
Et les grilles s'envolent,
Et le chien crie sa joie,
Et le chien crie sa liberté,

Il ne voit pas la rue qui monte,
Qui monte, qui monte,
Tandis qu'au loin,
Un chien hurle à la mort
haut de page


    MONOTONIE



Le jour, la nuit
La nuit, le jour
Et puis le vent
Avant la pluie,
Le vert est bleu,
Le bleu est vert
L'argent, le temps
Et tant de gens,
Ce soir, demain,
Tout est si loin.
haut de page


     SOIR D'ETE



Le soleil s'évapore
Au ciel ensanglanté,
La lune s'émerveille
Quand tombe la rosée
Et la forêt s'endort
À l'ombre des étoiles.
haut de page


     ETERNITE



J'aimerais que le vent
M'éparpille au lointain,
Je voudrais que le temps
Me pousse encore plus loin,
Pour fuir mille fois
Et mille fois encore,
Connaître d'autres vies,
Connaître d'autres morts.
haut de page


  VIVRE



Vivre
Ivre
Sans livre
Libre
Fini
L'exil
Fini
L'asile

Aimer
Semer
Aimer
Donner
Aimer
S'aimer
Ames
Damnées

Et puis
Mourir
Sans bruit
Sans cri
Encore
Sourire
Et puis
Finir...
haut de page


      A    ELLE



Tu es la truite et le courant,
Tu es mars le mois du printemps,
Je suis pêcheur pour mieux te prendre.

Tu es l'oiseau, tu es l'enfant,
Plus belle qu'un soleil levant,
Je suis la nuit et je t'attends.

Tu es le fruit, tu es la fleur,
Tu es l'espoir, tu es la peur,
Mes mains tremblent quand je te vois.

Tu es le vent, tu es la pluie,
Tu es la joie, tu es la vie,
Tu es ma loi et tu m'attends.
haut de page


     APRES L'ACCIDENT



Ils étaient trois cent quarante cinq,
Déchiquetés, éparpillés,
Et pour dénombrer les victimes,
On a du compter les doigts de pied,
Et après on a divisé.
On a fait d'même avec les yeux,
Avec les oreilles et le nez,
Ça correspondait à peu près,
Ensuite on a distribué
À chacun ce qui lui manquait
Empaqueté dans un drap blanc.

Les familles ont eu droit en plus
À la douleur du président.
haut de page


     L'ORAGE



Pour une fois
Il n'y a pas eu de vent
Ou presque pas,
Et la pluie est tombée,
La pluie s'est abattue,
Lourde et froide,
Comme chargée de plomb fondu.
Ses grosses gouttes noires
Sur le bitume
Ont inventé la danse
De la fortune.
Alors les chiens et les enfants
Ont dansé sous la pluie,
Avec sur le visage
Les mêmes larmes
Venues du ciel.
haut de page


     PREMIER MAI



Premier mai, fête du travail, jour férié,
Dérisoire quand c'est dimanche.
Premier mai, porte-bonheur,
"Pour votre femme, pour le tiercé,
Porte-bonheur, monsieur, madame…"
Comme s'ils n'étaient pas assez grands
Pour le porter tout seul leur bonheur.
Et il y en a partout,
Aux coins des rues,
Sur le trottoir,
Dans l'encoignure des portes,
Près des massifs de roses rouges,
Il faut croire que le bonheur
Est lourd à supporter.
Quel dommage,
Toutes ces fleurs coupées,
Attachées,
Recroquevillées,
Vendues à la criée,
Pour trois francs,
Pour un franc,
Par des gens maquillés,
Pour qui le printemps dure un jour,
Un jour seulement.
"Monsieur, c'est la fête des fleurs,
Un brin qui porte chance,
Et quel parfum !"
Merci, j'ai eu mon compte,
Je viens de marcher dedans,
Evidemment,
Si je regardais où je mets les pieds
Au lieu de rêver !
haut de page


      ENNUI



Je fuis l'habitude du temps,
Je fuis le temps des habitudes,
Je ne suis ni noir, ni blanc,
Ni même gris comme le temps.
Je suis là et je suis absent,
Mais quand je suis loin tu m'entends,
Je marche, je cours dans le vide,
Et le vide me dis je t'attends,
Et je regarde sans rien dire :
Autour de moi naît le néant.
haut de page


      OISEAU NOIR



C'est une histoire de corbeaux,
Je crois…
Et les merles blancs n'y croient pas.
Une symphonie pour un oiseau,
Et qui plus est, un oiseau noir,
C'est illusoire.
Mais si monsieur de la Fontaine
Revenait aujourd'hui sur terre,
Ça lui ferait beaucoup de peine
D'entendre les oiseaux se taire.
C'est pourquoi je chante aujourd'hui
Cet oiseau noir,
Cet oiseau cri,
Qui retentit dans ma mémoire
Comme un espoir,
Comme une vie.
"Oiseau maudit" dira le prêtre,
"Maudit oiseau" dit le semeur,
Moi qui ne suis ni croix, ni terre,
Je dis "c'est l'oiseau cri"
Je dis "c'est oiseau vie".
haut de page


     MOISSON



Le cheval énervé
Par les mouches qui bourdonnent
Rejette vers l'arrière
Sa tête et sa crinière.

Et les mouches s'envolent
Pour venir plus nombreuses
Se coller à ses yeux,
Noires et tourbillonnantes.

Un paysan courbé
Sous le soleil d'acier
Fait briller sa faucille
À la lumière des blés.

Plus loin une enfant chante
Au milieu des blés d'or,
Belle comme une princesse
Dans son corsage blanc.

Les vieux sont là aussi :
Ils ont des mains de bronze,
Un visage de bronze,
Et leur geste est précis.
haut de page


     HIBERNATION



La bave des étoiles
N'atteint plus les crapauds,
Car ils se sont enfouis
Au plus profond des gouffres,
Plus bas que les fossés,
Plus loin que les égouts,
Là où ils ne craignent plus
Les soleils grimaçants
Qui leur mangeaient la peau,
Et les rendaient méchants.

Les crapauds sont partis
C'est l'hiver…
Et on n'entendra plus leurs chants
Jusqu'au printemps.
haut de page


      PIERROT



Pierrot se réchauffe au soleil
Et baille comme un arc-en-ciel.
Il s'est décidé un beau jour
À sortir un peu de sa nuit,
De sa nuit où tout est silence,
Et solitude, et poésie.
Peut-être que près du soleil,
Il découvrirait des merveilles.

Pierrot a dormi une nuit,
Tout bas la lune lui a dit :
"Ne t'endors pas sinon demain
En plein jour tu vas t'éveiller"
Mais Pierrot n'a rien entendu,
Cette nuit-là il a rêvé,
Et au matin c'est un rayon
De soleil qui l'a réveillé.

Pierrot a vu le ciel et l'eau,
Il a vu les fleurs, les oiseaux,
Les arbres et les enfants heureux,
Et puis il a vu les chasseurs,
Les enfants qui coupaient les fleurs,
Le vent qui arrachait les arbres,
Et maintenant Pierrot a froid,
Alors il se chauffe au soleil.
haut de page


       LOIRE



J'ai appris la colère de l'eau
La colère de la rivière qui gronde,
Violente, tumultueuse,
Avec l'écume aux lèvres,
Arrachant les clôtures
Et dévorant les blés.

J'ai appris la faiblesse
Des grands arbres qui se dressent
Au bord de la rivière,
Aux racines fragiles,
Sans cesse déchirées
Sous ses coups de bélier.

J'ai appris la tristesse
De ces arbres tombés
Et du sable et des pierres
Qui recouvrent les prés.
haut de page


     LASSITUDE



Pendant quinze années j'ai appris,
Pendant dix années j'ai compris,
Le reste de ma vie
Je voudrais marcher,
Marcher sans réfléchir,
Marcher droit devant moi,
Les yeux perdus au loin,
Plus loin que l'horizon
Et ne penser à rien,
La tête vide,
Le cœur blanchi,
Marcher sans fin
Et sans fatigue,
Marcher sans m'arrêter,
Sans but,
Me promener dans les étoiles,
Infiniment…
haut de page


   FUITE DU TEMPS



Un bracelet de montre
Cassé au bras,
Le temps s'est arrêté
Chez moi,
Et il a posé sur ma table
Ses aiguilles de sable.
Il m'a dit :
"Je suis fatigué,
Je voudrais tant me reposer".
Moi, j'ai voulu
Compter les grains de sable,
Je les ai pris
Dedans ma main,
Un à un,
Je les ai fait glisser,
Comme dans le ciel
Glissent les étoiles...
Lentement
Ils sont retombés,
Et ce matin,
Là, sous ma table,
J'ai balayé un peu de sable.
haut de page


    TRISTE DIMANCHE



Le dimanche quant il pleut
Et qu'on rentre sous la pluie,
À quatre-vingt à l'heure,
On fait d'l'aquaplanning
Dans les flaques,
Et les flics
Ne trouvent rien à dire.
Sur le bord de la route,
Cent fois on éclabousse
Les champignons qui poussent,
Et on compte les paumés
Qui lèvent le pouce
Avant qu'on passe,
Et puis qui lèvent le poing
Une fois qu'on est passé.








Le dimanche quand il pleut,
Une fois qu'on est rentré,
On s'ennuie à rester
A r'garder la télé,
Tout seul avec les autres
Qui ne comprennent rien,
Et pourtant qui se vautrent
Dans le mal, dans le bien,
Et on pense au paumé
Là-bas sur la grand' route
Qui lève encore le pouce,
Qui lève encore le poing,
Chaque fois qu'on l'éclabousse,
Et chaque fois c'est pour rien.
Le dimanche sous la pluie.
On s'ennuie…on s'ennuie
haut de page


      LA MORT



La mort,
Je voudrais qu'elle me frappe
Un jour au bord de l'eau,
Sous un soleil d'été,
Et j'aurais ce jour là
Oublié mon chapeau.
Je voudrais qu'elle me frappe
Quand j'aurai cent vingt ans,
En sachant que demain
Pour moi ne vaut plus rien,
Qu'elle me frappe droit devant
Et sans me dire un mot,
Juste un éclat de rire
Qui viendrait de là-haut.
haut de page


MYSTERE



Une bulle sur un lac,
Je la regarde, elle éclate,
Elle était là devant moi,
Et tout à coup elle s'en va.

Elle s'est peut-être envolée,
Mais elle n'est pas dans le ciel,
Et je la recherche en vain.
Peut-être qu'elle a plongé
Dans le lac sans réfléchir
Et risque de se noyer.
J'irai bien la secourir
Mais je ne sais pas nager.

Et la voilà qui remonte
Qui transperce la surface
Du grand lac qui se casse.
Et la voilà qui navigue,
Que vient vers moi, qui hésite
Et qui disparaît encore
En arrivant près du bord.
.



Je regarde autour de moi,
Elle ne doit pas être loin,
Mais je ne la trouve pas,
Je cherche et je ne vois rien.
Cette fois tant pis pour elle,
Ou peut-être tant pis pour moi,
Je crois que je vais plonger
Pour lui voler son secret
haut de page


     MISERE



Les pauvres gens lisent des livres
Où l'on raconte d'autres gens,
Plus malheureux, plus pauvres qu'eux,
Pour se reconsoler un peu.

Les pauvres gens ont leur misère
Rangée dans un placard,
Et garde la clé bien cachée
Dans une poche sur leur cœur.

Ils ne savent du verbe avoir
Que le conjuguer au futur,
Mais ils vivent depuis cent ans,
Et ils vivront encore longtemps.

Ils vivent de rien et de tout,
Leur misère n'a pas de mémoire,
Mi-amertume, mi-souvenir,
C'est une clef sur une armoire,
Qui grince,
Qui ne se ferme plus.
haut de page


    REVERIE



Quelques miettes
D'un repas,
Quelques gouttes d'eau,
Chagrin de la nuit,
Ecume des feuilles,
Ce n'est presque rien,
Mais quel festin,
Pour l'oiseau qui meurt.

Un sourire
Qui se devine,
Un sourire qu'on retient,
Perle du matin,
Nacrée de satin,
Ce n'est qu'un espoir,
Une étoile qui brille,
Pour un cœur de paille.

Un morceau
De votre peau,
Votre corsage défait,
Dentelles froissées
Et baisers de soie,
Pardon, je rêvais,
Mais vous restez là,
Quel idiot je fais !
haut de page


    DOUCEUR DE VIVRE



Tenaille-moi encore
Toi le vent, la froidure,
Déchire moi le corps,
Je veux que cela dure,
Cent mille ans et bien plus
Pour vivre infiniment.

Brise-toi sur mon corps,
Mistral ou vent du nord,
Je veux sentir encore,
Cette douce morsure,
Qui me gifle et me dis
Que je ne suis pas mort.
haut de page


    DERISION



Rue de la dérision,
Il y a des enfants
Dans un dépôt d'ordures,
Qui jouent avec la mort,

Un clochard qui s'endort
Engourdi par le froid,
Un autre qui s'éveille
Tenaillé par la faim,

Des femmes longues et brunes
Avec des yeux trop grands,
Qui n'attendent plus rien,
Mais qui donnent quand même.

En plein cœur de la nuit
Le hasard joue au bridge,
Et la mélancolie
Perd souvent la partie.

Triste chemin de croix
Au milieu de la ville,
Ruine parmi les ruines
Cette rue me fascine.
haut de page


    APRES L'HIVER



A petit pas
L'hiver s'en va,
Et voici qu'apparaît
Caché derrière un sapin de Noël,
Le ciel,
Et derrière le ciel,
Le soleil,
Et derrière le soleil,
La vie,
La vie qui s'éveille, qui s'étire,
Qui baille encore un peu,
Ensommeillée de givre caressant,
À peine sortie d'un rêve
Dont elle ne se souvient plus,
La vie toute neuve,
Innocente et naïve
Mais déjà triomphante,
La vie,
Avec ses yeux qui pétillent,
Et sa bouche insatiable,
Et sa peau toute blanche
Qui rêve de l'été.
haut de page


    UN LIT



Un lit
Ça sent la nuit,
La chaleur,
Les draps lourds,
L'envie de faire l'amour,

Un lit,
Ça sent le rêve,
La tendresse,
Nos deux corps qui se cherchent,
Les caresses, l'ivresse,
L'insomnie, aussi.

Un lit,
Ça sent le matin qui se lève
Ça sent le jour,
Et le réveil qui sonne
Sans fin.

Un lit,
Ça sent l'odeur du café noir,
Et le parfum des croissants chauds,
Et l'heure qui nous appelle,
L'heure,
Qui nous tire du lit
Et qui nous dit
Qu'on est bien en retard,
Aujourd'hui.
haut de page


    IMPRUDENCE



J'ai écrasé des chats
Mais c'était pas exprès,
C'était presque la nuit
Et le brouillard tombait.

Je roulais sur des routes
Qui ne mènent nulle part,
Bordées d'ombres en fleur
Agitées par des phares.

Les chats se tiennent là
Sur le bord de la route,
Tapis dans les fourrés
Et on ne les voit pas.

Les étoiles des phares
Attirent les étoiles
De leurs yeux jaunes et noirs,
Alors … il est trop tard.
haut de page


    FANTAISIE



"Accorde-moi une minute,
Une minute de réflexion "
Disait l'alouette
Au miroir.
Mais le chasseur était pressé
Et un coup de feu a claqué,
Le miroir s'est effondré,
L'alouette s'est envolée :
Sept ans de malheur
Au chasseur.
haut de page


    INSOUCIANCE



J'ai trouvé dans un coin
De ma chambre
Une araignée d'argent
Aux yeux d'ambre.

Demoiselle aux longs cils,
Aux fines jambes,
Sur ton fil tu balances
Ta romance.

Par la fenêtre ouverte,
Sans méfiance,
Le vent t'a amenée,
Imprudente,

Et je t'ai découverte,
Ce matin,
Au milieu des dentelles,
Endormie.
haut de page


    SIMPLICITE



Vois la vie qui nous appelle,
La vie qui nous tend les bras,
Jette-toi dans ces bras-là,
Tu ne regretteras pas.

Vois la vie qui nous entraîne,
Sabots et chaussons de laine,
Pour danser vont aussi bien
Que tes beaux souliers cirés.

Oublie donc tous tes problèmes,
Toi qui n'as jamais le temps,
Chez nous le temps c'est décembre,
Et décembre est encore loin.

Vois la vie qui nous retient
Qui nous serre dans ses bras,
Ces bras-là nous tiennent bien,
Allons viens n'hésite pas.
haut de page


   APRES MA MORT



Je tomberai en neige
Au-dessus des montagnes,
Et je m'étalerai
En manteau sur la plaine,
Les gens d'en haut
Me chanteront
A pleine voix,
Les gens d'en bas
Diront tout haut :
"Comme il est froid"

Et moi je neigerai encore,
Comme seuls neigent les morts
En secouant leur corps.
Je glacerai vos mains
Avec mes mains glacées,
Vous que je caressais
Avant que de passer.
Je n'aurai pas plus chaud, non,
Mais vous aurez plus froid,
Et ça,
Ça vous rapprochera
De moi.
haut de page


    RENAITRE



Renaître du printemps
Et dire qu'il est temps
Que cette ronde s'arrête
De tourner dans ma tête,
Cette ronde en queue d'aronde,
Cette ronde farandole,
Cette ronde deux fois blanche,
Qui m'inonde, qui m'affole,
Cette ronde folle,
Où ma folie vagabonde
Dans un lit
Près d'une blonde,
Loin des cris
Et loin du monde.
haut de page


    ACCIDENT



Quand on meurt sur les rings,
Les oiseaux de malheur
Que sont les spectateurs,
Les téléspectateurs,
Les arbitres, les speakers,
Les organisateurs,
Et puis toi,
Et puis moi, quelquefois,
Ces oiseaux de misère
Se voilent les paupières.
Mais ils n'ont point de larmes
Rien qu'un peu de poussière
Qui s'agite dans leur crâne
Sans faire beaucoup de vagues.
Et bien vite ça se calme,
La poussière de l'oubli
Alors se réinstalle
Et tous les oiseaux noirs
Font briller leur plumage
Pour le prochain naufrage.
haut de page


     PRISON



Je ne supporte pas la captivité,
Ni la capture,
Ni le flou,
Ni le vomissement des arbres,
Et je suis un perpétuel éternuement,
Mes jambes éternuent,
Mes mains éternuent,
Ma bouche éternue,
Mon cerveau éternue,
Et je suis enrhumé, embrumé,
De tout mon corps tendu, soubresauté,
Eclatant qui ne peut éclater,
Aéronef qui remonte toujours.

Je ne supporte pas la capture
Et encore moins la captivité,
Elle me tournoie dans les entrailles,
Elle me ronge,
Elle me "sournoie",
Elle me noie.
haut de page


INFIRMERIE DE GARNISON



Mon esprit se déchire,
La blouse blanche est grise,
J'avance dans la mire,
J'avance et toi tu vises.

Tout est prétexte à rire
Mais mon texte est soupir,
Languissement, ennui,
Attente, vieillissement.

La machine à café
Empêche de dormir,
Mes doigts se givrent
Et la cascade de mes pensées chavire.







Je suis au bord de l'eau
Et l'eau reste immobile,
Le miroir devient glace,
Je vois le temps qui passe.

Je vois le temps qui glisse,
Je vois le temps qui glace,
Et les doigts se raidissent,
Se crispent sur la gâchette.

Puis l'eau devient javel,
La rivière est violette,
Une dernière pirouette,
Et je maudis le ciel.
haut de page


    MOURIR



Je vais mourir
Et vous n'en saurez rien,
Je vais mourir,
Comme ça pour rire,
Pour vous faire peur,
Pour vous faire honte,
Superbe supercherie,
Violence des néons,
La musique tourbillonnante
Vous cachera mes cris.
Votre danse endiablée
Sera danse macabre
Et vous n'en saurez rien,
Vous tournerez,
Virevoltants,
Tourbillonnants,
Jusqu'au matin,
Jusqu'à la fin.
haut de page


    DESTINÉE



La montre tourne, tourne,
Un jour, elle tournera à l'envers,
Dans un trou, grand ouvert,
Tout vert,
Et noir, et gris, et vert de gris,
Le temps aura son manteau blanc,
Un entonnoir avec dedans
Des fleurs séchées,
Des fleurs cassées,
Et des épingles de sûreté
Pour les agrafer sur les gens qui passent,
Sans voir, sans penser,
Seulement avec leurs jambes pour courir
Et leurs yeux
Pour ne pas regarder,
Des yeux bleus, des yeux verts
Toujours des yeux,
Deux par deux, inutiles, étrangers,
Et trop beaux pour ne pas les remarquer.
Des yeux qui pleuvent,
Des yeux qui métallisent,
Grand ouverts,
Impudiques,
Des yeux qui trop tôt seront creux,
Et qui regarderont alors
Vers le ciel, vers l'infini,
Là où l'esprit se fonde
Avec le silence et la poussière galactique
Qui ressemble à de l'or
Quand on rêve à de l'or,
Et ne ressemble à rien
Quand on regarde bien.
haut de page


    ALCHIMIE



J'avais un cœur en or,
Toi tu as le secret
Pour changer l'or en plomb,
Divine, météore,
Reine des quatre saisons
Et tu m'as transformé.

Je suis soldat de plomb,
J'ai de sombres pensées,
Je suis toréador
Et tu me fais danser,
Sous ton soleil plombé,
Danser jusqu'au remord.
haut de page


    REMORDS



Roquettes et fusées
Sont parties en fumée,
Et moi, j'ai appuyé,
Imbécile et muet,
Sur la poignée d'acier.
Grenades éclatées,
Ne pourrez-vous jamais
Me pardonner ?

Je n'ai tué personne
Et je n'ai pas visé
La pomme.
Moi si j'ai appuyé
C'était pour rire…
Mourir de rire…
Mais le rire coûte cher :
Deux cent mille centimes
À chaque tir.
Alors…
Le rire devient rictus
Quand là-bas en Afrique
Les enfants meurent de faim
Et qu'une poignée de riz
Leur suffit …
Leur suffirait
Pour vivre.
haut de page











     MOURMELON



Poudre aux yeux,
Confettis découpés en quatre
Pour un ordinaire ordinaire,
Césure sans poème,
Un quatorze juillet sans lampion,
Sans fille, sans révolution,
Les militaires se noient
Dans une bière,
Plus ils sont saouls, plus ils sont fiers.
Et ils font un feu d'artifice
À coups de fusées éclairantes
Et de grenades suffocantes,
Tout est truqué, tout est factice,
Si l'on desserre un peu la vis
C'est pour mieux la serrer ensuite,
Et ils s'enivrent de poussière,
Ils rêvent de bordel
Et de filles-civières,
Ils rêvent de cimetières
Construits avec leurs propres armes
Où ils peuvent se promener
En riant et en éclatant,
Le cœur content.
haut de page


    PLENITUDE



Je meurs noyé
Dans l'océan indien,
Lesté par un collier de coquillages,
Je m'enivre de profondeurs
Dans une mer limpide et sage,
J'écoute le silence jusqu'à la fin,
Je retrouve le merveilleux
De ce décor impérissable
Dont mon corps est un grain de sable,
J'ouvre les mains, j'ouvre les yeux,
Il est fabuleux le voyage
Et j'en profite jusqu'au bout,
Jusqu'à la dernière seconde,
Jusqu'à l'ultime, jusqu'au sublime :
C'est ici le point de rencontre
De la translucidité de l'eau
Et de l'esprit.
haut de page


    PASSION



Hallucinez-moi
De vos fantasmes,
Laissez-moi couler
Au fond de vous,
Pour vous apaiser
Je serais torrent
Et j'effeuillerai
Vos rêves d'enfant.

Ensorcelez-moi
De vos détresses,
Divine amoureuse,
Colombine blanche,
Je saurais vous dire
La paix des caresses,
Laissez-vous couler
Tout contre moi.

Enveloppez-moi
De vos ivresses,
J'ai trop attendu
De vaines promesses,
Laissez vos désirs
Vivre à l'unisson,
Pour les assouvir
J'ai tant de passion.
haut de page


VILLES



On chante trop souvent
L'amour pour une ville
Toulouse, Ajaccio
Ou simplement Paris
Moi j'habite Lyon
Et je chante la haine,
Oui je chante ma peine
Des civilisations :
Pour ces blocs de béton,
Ces boulevards de bitume,
Pour ces files infinies
À six heures du soir,
Pour les chiens des mémères
Laissés sur le trottoir,
Pour ces flics qui sifflent
Sans connaître la gamme,
Pour ces pigeons phtisiques
Qui sont plus voyageurs,
Pour ces panneaux géants,
Décors venus d'ailleurs,
Vitrine surréaliste
D'un peintre fou d'azur,
Panneaux qui nous torturent,
Panneaux qui nous saturent,
Et puis le cri des freins,
Et le cri des klaxons,
Et les yeux des putains,
Es les yeux de personne,
Les samedis endormis,
Les dimanches monotones,
La pluie qui tombe noire,
Le vent qui souffle aigri,
Les enfants qui jouent plus
Et qui traînent dans les rues,
Le combat de chacun
Pour gagner un peu plus,
La course vers l'usine,
La course vers l'autobus,
Quarante heures par semaine
Et crevés le week-end,
Les onze mois de l'année
Pour enfin s'évader,
Mais toujours ce retour
Vers l'enfer de la ville.
haut de page


    VILLENEUVE



Les cités dortoirs dévorent le ciel,
Les murs se dressent,
Cartes perforées géantes,
Nées du cerveau malade
D'informaticiens fous,
La lumière artificielle
Efface le soleil,
Les nuages arrivent
Et la nuit s'installe,
Avec la pluie en prime,
La pluie en déprime,
La pluie,
Qui ne fait même plus des claquettes
Sur le pavé,
Et tous les vingt-cinquièmes étages,
Il y a un homme
Qui se penche trop à la fenêtre.
haut de page


FOLIE



Garde toujours un chargeur
Pour la foule,
Toi le fou qu'on refoule,
Toi qu'on roue,
Toi qu'on roule.
Garde toujours un chargeur
Et le doigt sur la gâchette.
Vise les cons à casquette,
Vise les cons qui roucoulent,
Leur gorge deviendra rouge,
Comme au vrai tir aux pigeons,
Vise bien,
Vise la tête,
Ils tomberont noirs et lourds,
Viandards pour les vautours.






Garde toujours un chargeur
Pour la foule,
Quand la foule deviendra houle
Et la houle sera tempête.
Garde le doigt sur la gâchette
Pour la fête,
La fête du temps qui s'écroule,
Rouge et noir, noir et rouge,
Rouge comme le sang qui gicle,
Noir comme le sang qui s'arrête,
Et noir comme ce ciel de tempête,
Et noirs comme tes grands yeux ouverts,
Et noires comme les fourmis noires
Qui se colleront à ta tête.
haut de page


APRES L'EXECUTION



Vois, je relève la tête,
La tête de votre panier,
Ce panier rempli de son
Qui s'abreuve de mon sang.

Vois, je relève la tête,
Et je crève à l'unisson
Vos tympans et vos fenêtres,
En criant cette chanson,

La chanson des gens sans tête,
Coupée par des gens sans raison,
Des gens qui croient que la fête
Est soleil rouge à l'horizon.

Vois, je relève la tête,
Et mes yeux vous font horreur,
Exorbités et hagards,
Ils reflètent votre peur.






Du coin des lèvres je ris,
D'un rire indéfinissable,
La mort ne m'a pas puni,
Et ça vous est insupportable.

Vois, je relève la tête,
De votre panier rempli de son,
Je reviens, je suis un spectre
Et je finirai la moisson.

Je mettrai vos pleurs en gerbe,
Et vos chagrins, et vos passions,
Et vos cœurs finiront sur l'herbe
Avec le destin pour saison.
haut de page


    PREMONITION



Un jour, il y aura
Une flaque d'huile sur la route
Que je ne verrai pas.

Mon cerveau tournera
Sept fois dedans ma tête,
Et puis s'arrêtera.

Je glisserai sur cette route
Et je m'endormirai.
Et je rêverai que je dors
Profondément, dément.

Alors tous les réveille-matin
Sonneront à la mort,
Alors tous les réveille-matin
N'y pourront rien.
haut de page


  BALLET NOCTURNE



La lune boit
La lune est grise
Le soleil verse le champagne.

La lune est là
La lune et grise
Le petit matin l'a surprise.

La lune boit
La lune est grise
Et le soleil la raccompagne.

La lune dort
La lune est brise
La belle Aurore s'en est éprise.

La lune dort
La lune rêve
Le soleil lui chante l'Espagne.
haut de page


     VAGABONDAGE



Otez le Q de la moquette
Et écoutez,
Vous êtes assis sur une mouette
Et vous voguez.

Peut-être bien que je divague
Quand je vous dis,
Que le divan fera des vagues
Toute une nuit.

Peut-être ai-je du vague à l'âme ?
Peut-être que je vagabonde ?
Mais c'est si bon lorsque c'est vague
Et qu'on navigue loin du monde.

Mais je vois que vous souriez,
Et je sens que vous vous moquez,
Je vous aime, mouette rieuse,
M'aimerez-vous fou de bassan ?
haut de page


    ENVOUTEMENT



Une femme est passée,
Une femme est restée,
Ses cheveux champ de blé,
Sa bouche coquelicot
Et ses yeux ciel d'été
M'ont égaré.

J'ai composé pour d'autres,
D'autres bouquets,
Mais c'était déjà elle
Que je cherchais,
C'était déjà de toi
Que je vivais.

Et je me suis perdu
Dans le ciel de tes yeux,
Et je me suis noyé
Dans ton regard.

Je cherchais une femme
Et toi tu es passé,
Je cherchais un regard
Et tes yeux m'ont brûlé,
Je cherchais ton visage
Dans la fumée.
haut de page


    BLUES



Il est des jours
De nostalgie,
De regard fixe,
De regard flou,
De regard suspendu,
Des jours de cheval endormi,
Dormant debout,
Des jours de nuages trop blancs,
Des jours d'oubli,
De brouillard,
D'ennui.

Il est des jours
De matin gris,
De regard fou,
De regard triste,
De regard éperdu,
Des jours de chien battu,
Seul sous la pluie,
Des jours d'aujourd'hui,
Des jours bleuis,
De cafard,
D'infini.
haut de page


    DELIVRANCE



Arrosé de suicide,
Je crèverai le plafond
Du vingt-cinquième étage,
Je connaîtrais un dernier vertige,
Une dernière ivresse,
Et je m'enflammerai
Encore une fois,
Dans une ultime passion.
Météorite amoureux d'une comète
Aux cheveux d'or et de lumière,
J'embraserai un soleil
Rien que pour toi.
J'étoilerai ce ciel aveugle
De mon corps irradiant
Pendant quelques secondes
Et je plongerai à jamais
À la rencontre
De l'asphalte
Rougissant
Et hurlant.
haut de page


    CONFERENCE



Il parle, il parle
Et je m'envole,
Ailleurs les yeux,
Ailleurs l'esprit,
Il me regarde,
Il croit que je l'écoute,
Tout ne tient qu'à un fil
Et le fil se déroule,
Il court dans l'espace,
Il court dans le vide,
Puis l'écheveau s'emmêle,
Il tire sur le fil,
L'écheveau se démêle,
L'esprit revient,
L'esprit repart,
Il fuit encore plus loin,
Tout est mémoire,
Tout souvenir,
Les jours défilent,
Les heures s'envolent,
Il n'y a plus de fil,
Il n'y a que le vide.
haut de page


DOUTE



Nulle envie de rester,
Nulle envie de partir,
Le temps n'a plus le temps
Le temps n'existe plus,
Les heures sont des minutes,
Les minutes sont des heures,
L'avenir est rangé,
L'avenir est ailleurs.

Mon cœur n'a plus de cœur
L'indifférence passe,
Je la guette, elle me guette,
Je la vois qui s'apprête,
Je m'enfuis, elle s'enfuit
Et puis elle repasse,
Elle reste là, muette,
Un cri, elle disparaît.








Puis tout devient silence,
Les oreilles sont sourdes,
Les voix n'ont plus de voix,
Ne reste que le vide,
Soudain un chien aboie
Et la foule s'anime,
La foule s'envenime,
J'ai envie de hurler.

Le temps encore s'en mêle
Et le temps m'entortille,
J'ai envie de partir,
J'ai envie de rester,
L'avenir est désordre,
L'avenir est futile,
L'avenir est au porteur :
Cet avenir me plaît.
haut de page


    ERRANCE



Une nuit de déchirements
Où le corps est en lambeaux,
Où le corps est torturé,
Et le cerveau qui cogne
Contre les parois du crâne,
Au moindre bruit,
Au moindre mouvement,
Pour le faire éclater,
Pour une délivrance fatale,
La fièvre,
Les tremblements,
Le froid,
Le corps brûlant,
La nuit qui ne veut plus dormir,
Le soir comme un souvenir.
haut de page


    DESAMOUR



Il faudra que je brûle
Ce que je sais de toi,
Si tu ne m'aimes pas,
Il faudra que je détruise
Tes faux sourires,
Tes faux regards,
Mes fausses nuits de désespoir,
Ces heures passées,
À ne penser qu'à toi.
Il faudra que j'oublie,
Tes mains de jade,
Tes yeux, tes lèvres,
Ta robe bleue,
Cette tresse dans tes cheveux,
Un soir d'ivresse.
Il faudra que j'oublie
Tout ça,
Et tout ce que je ne sais pas,
Il faudra que je brûle mes yeux,
Il faudra que je brûle mon cœur,
Il faudra que je brûle ma tête,
Que je me délivre de toi,
Que je brûle,
Ou que je me noie.
haut de page


    SURVIE



Besoin vital
Ou animal,
C'est lorsque je suis mal,
Quand l'émotion ou la passion s'installe,
Qu'un morceau d'esprit se détache
Et sur le papier devient tache,
Tache de vie,
Tache d'espoir,
Griserie,
Destin,
Pied de nez à l'éternité,
Feuille qui jaunira sans fin.
haut de page


    ETAT DE CHOC


Tombé sur mon front
Comme un poing fermé,
Ton cri m'a remis en question,
Question de temps,
Question d'argent,
Poing d'interrogation
Sur la vie, sur les gens,
Poing de suspension
À la gueule du temps,
Poing d'exclamation
À la gueule de la vie,
De l'avis de tous, mouton,
De l'avis d'un seul, naufragé,
De cette vie en suspension,
De cette te vie en épée de Damoclès,
Rouillée à force de sueur,
À force de pluie,
A force de pleurs,
À force de larmes cachées,
À force de charmes,
À force d'efforts inutiles,
Fracas de rire d'une farce enfantine,
Aigu comme un accent aigu,
Accentuant mon délire,
Pour me faire oublier
L'autodestruction,
L'autoextinction
Qui me rendra aveugle
Au milieu des aveugles,
Qui me rendra muet
Par delà les sirènes,
Et puis rampant,
Et puis me torturant,
Et puis mourant…
haut de page


     LE TEMPS



Le temps n'a plus rien contre moi
Et il me l'a dit ce matin,
Depuis le temps qu'on fait la guerre
Et que cela ne sert à rien.

On s'est arrêté tous les deux,
Face à face au petit matin,
Et puis on s'est ouvert les yeux
Pour mieux continuer le chemin.

Je ne sais où le mien m'emporte,
Et lui, depuis la nuit des temps,
N'ose plus guère frapper aux portes,
Il a peur des petits enfants.

Le temps n'a plus rien contre moi,
Sa colère a fondu soudain,
Et on a parlé de demain,
D'espoir et d'immortalité,

Ensemble on a imaginé
Mille printemps et mille étés,
Un devenir toujours présent,
Du midi on a pris l'accent…
haut de page


    LABO PHOTO



Je me suis plongé dans la cuve de révélateur
Pour me retrouver.
En me cherchant, je te cherchais,
En me trouvant, peut-être que je t'aurais trouvée…
Le bain d'arrêt à l'acide acétique m'a giflé,
M'a révélé, m'a réveillé,
De mon sommeil glacé.
Alors, je me suis plongé
Dans la cuve de fixateur,
Encore tout engourdi,
Pour y trouver un peu de calme,
Un peu d'oubli.
Je ne sais ce qui s'est passé,
Peut-être que j'avais dépassé
La durée,
Ou que la dose était trop forte,
Je pensais être noir ou blanc
Mais je suis ressorti bien gris,
Délavé,
Pâle,
Epave,
Et depuis, …
Je dérive.
haut de page


      FILLE DE LA NUIT



Inaccessible et inconnue,
Tu hantes mon esprit perdu,
Ton image, toujours ton image,
Mais suis-je sûr, t'ai-je bien vue ?

Les soleils froids sont revenus,
Les oiseaux rient de ma folie,
Des couleurs vives, j'aurais voulu,
Mais c'est le gris qui me poursuit.

J'aime tant le lever du jour,
Et tu es fille de la nuit,
Je te croiserai vers midi,
Et j'aurai mal à mon retour,

Cette blessure d'un temps perdu,
Qui me revient comme un orage,
Ton image, ce beau mirage,
Mais suis-je sûr, ai-je bien vu ?
haut de page


      KAFKA



J'oublie que je suis scarabée,
J'oublie mes élytres dorés,
Mes jambes fines, mon corps trop lourd,
Et ma tête vidée de tout,
Ma tête qui me joue des tours
En se remettant à penser.

J'oublie que je suis scarabée
Et j'oublie que je sais voler,
Je me traîne sur le pavé,
Maladroit, immonde, crevé...
haut de page


CONTAGION



Les croûtes d'un lépreux
Tombées dans une assiette,
C'est une nourriture honnête
Pour quelqu'un de sérieux,
Pour quelqu'un qu'on respecte.

Les croûtes d'un lépreux
Miséreux, malchanceux,
Qu'on rejette,
Sont des miettes
Pour un festin de gueux,
Pour un festin de dieux.

Vos fillettes muettes
Ont ouvert de grands yeux,
Penchées sur vos assiettes,
Elles ont mêlé les miettes
Et leurs cheveux soyeux.





Et vous n'êtes que bêtes,
Et vous hochez la tête
Pour dire que c'est odieux,
Pour dire que vous n'êtes,
En fait ni gueux, ni dieu.

Et vous nous suppliez
D'arrêter cette fête,
De changer les assiettes...
Et la fête s'arrête…
Mais vous êtes lépreux...
haut de page


    IRLANDE



Les militaires sont descendus
Faire la guerre avec la rue,
Et pour se donner bonne conscience,
Quand ils ont tiré sur leurs pères,
Sur leurs fils et sur leurs frères,
Ils avaient mis dans leurs canons
Des balles factices en caoutchouc,
Qui tuent moins fort que celles en plomb,
Qui tuent moins fort
Que celles en plomb.
haut de page


    REGRETS



Ils m'ont dit "Viens chez nous,
Tu n'auras jamais froid,
Tu seras bien nourri",
Et ils m'ont mis en cage.

Et puis ils m'ont montré
Aux voisins, aux amis,
Bien sûr j'ai aboyé,
Mais je n'ai pas dit oui.

Ils m'ont apprivoisé,
Ils m'ont domestiqué,
Mais lorsque vient la nuit,
Je maudis ce pays.

Je rêve que je crie,
Je rêve que je pleure,
Et je vois de grands chiens,
Je les entends qui rient.
haut de page


TROUBLES



Aussi grand que tu sois,
Le gouffre est devant toi,
Tu y vas pas à pas
Ou en courant parfois.
Tu es là sur le bord,
Limite de la limite,
Tu te penches, tu te tords,
Tu te dis "pas trop vite".

Tu restes près du bord,
Ou tu crois y rester
Car le bord et le vide,
Tous deux se sont soudés.
Tu t'enivres du vertige,
De ce désir de chute,
Tu te grises, tu voltiges
Et puis tu "uppercut".







Lors cherchant la sortie,
Tu n'y comprends plus rien,
Et voilà que ta vie
Est une bouteille de Klein :
A force de rêver,
A force de douter,
L'envers et son endroit
Se moquent bien de toi.

Tu veux faire marche arrière,
Tu trembles, tu espères
Revoir cette lumière
Qui pourtant désespère,
Cette lumière aveuglante,
Plus belle que la plus belle
Et déjà chancelante
En milliards d'étincelles.
haut de page


AMOUR



Je vous ai aimée,
Petite fille,
Je vous aimerai encore
Grande dame.

Je vous ai aimée,
Rivière folle,
Je vous aimerai encore
Océan.

Je vous ai aimée,
Jardin d'enfants,
Je vous aimerai encore
Forêt profonde.







Je vous ai aimée,
Rosée du matin,
Je vous aimerai encore
Orage qui gronde.

Je vous ai aimée,
Bouquet de printemps,
Je vous aimerai encore
Feuilles de l'automne.

Je vous ai aimée,
Cheveux de satin,
Je vous aimerai encore
Cheveux blancs.
haut de page


     PRINTEMPS



L'obscurité va s'en aller,
Ouvre donc un peu tes volets,
Même si le ciel reste chargé,
Les hirondelles sont arrivées.

Le temps qui voulait nous narguer
N'est plus que nuage et fumée,
Pour sûr, il est bien fatigué,
Vois, ce n'est que du temps passé.

Aujourd'hui n'a plus rien d'hier,
Aujourd'hui n'a plus de frontière,
Mais des lendemains de lumière
Qui se fichent du quart comme du tiers.

L'obscurité s'en est allée,
Y'a du soleil dans la vallée,
Ouvre donc bien grand tes volets,
Les hirondelles sont arrivées.
haut de page
  

      TU MANGERAS



Tu mangeras, tu mangeras,
Jusqu'au bout de tes doigts,
Tu mangeras, tu mangeras,
Jusqu'à la fin du mois,
Tu mangeras, tu mangeras,
Jusqu'à la fin de toi,

Tu mangeras, tu mangeras,
À ta faim, à ta foi,
Tu mangeras, tu mangeras,
Et tant pis pour ton foie
Tu mangeras, tu mangeras,
Et puis... tu crèveras,

Et on … t'enterrera
Les vers te mangeront,
Toi le faiseur de vers,
Sans rime, ni raison.

haut de page


CONTRESENS



On prend la vie à contresens,
On oublie tout dès sa naissance,
Des survivances du passé,
Et de tout ce qui fait chanter. (bis)

On invente le droit au travail,
La société, les barbelés,
La prison, la sécurité,
Mais la vie où est-elle passée ? (bis)

On crée le gazon synthétique,
La cuisine macrobiotique,
La chimie des pétrodollars,
Et passent, passent les corbillards. (bis)





On prend la vie à contresens,
Le voisin on ne connaît pas,
D'abord, … il nous regarde avec méfiance,
Alors, … à quoi bon faire le premier pas. (bis)

On prend la vie à contresens,
On se maquille, on ressemblance,
On a peur d'être vraiment soi
Et moi je t'aime malgré toi,
Et moi je t'aime malgré moi.
haut de page


AMOUR



Un jour
Tu seras grande
Tu seras belle
Petite folle
Petite sœur
Un jour
Tout aussi tu sauras
Que l'amour est douceur.

Un jour
Tu seras gaie
Tu brilleras
Petit soleil
Petite fleur
Un jour
Toi aussi tu verras
Que l'amour est couleur







Un jour
Tu seras joie
Tu seras cœur
O mon amour
O mon bonheur
Un jour
Toi aussi tu sauras
Que l'amour est chaleur.

Mais un jour
Tu seras flamme
Tu seras drame
Petite fille
Petite femme
Un jour
Tout aussi tu sauras
Que l'amour est douleur
haut de page


RESOLUTIONS


J'étais plein d'bonnes résolutions,
J'avais décidé de changer,
Devenir quelqu'un de rangé,
Mais t'as fait ta révolution. (bis)

T'as fait ton nid dans mon histoire,
T'as fait ton trou dans ma mémoire,
Je voulais plus me coucher tard,
Et plus gratter sur ma guitare. (bis)

Je voulais travailler réglo,
Et ne plus rouler en vélo,
Etre un vrai p'tit français moyen,
Entre son auto et son chien. (bis)






J'étais plein d'bonnes résolutions,
Mais t'as fait ta révolution,
Tu t'es installée dans ma chambre,
Avec tes disques et tes bouquins. (bis)

Finies les bonnes résolutions,
Finis les cours et les leçons,
Je me couche tôt mais ne dors pas,
Tu es si belle entre mes bras. (bis)

Pour te prouver combien je t'aime,
On va acheter un tandem…
haut de page


ÇA FAIT MAL


Ça fait mal, de marcher
Les pieds nus, sur le goudron,
Laissez-moi marcher dans l'herbe.

Ça fait mal, aux poumons,
Tous ces gaz, qui polluent,
"S'il vous plaît, de l'oxygène".

Ça fait mal, de crier,
De gueuler, dans les rues,
Pour que les gens se souviennent.

Ça fait mal, aux oreilles,
D'être un million d'abeilles,
Sans fleur et sans soleil.





Ça fait mal, dans mon corps,
Les barreaux des fenêtres,
Les fenêtres des cages
Et le gris des grillages.

Ça fait mal, dans mes yeux,
Tout ce laid, tout ce vieux,
Qui n'a même pas vingt ans.

Ça fait mal, dans mon cœur,
J'ai envie d'être ailleurs,
Au milieu des couleurs.
haut de page


        LISA



C'est par un volet de la villa
Qu'un valet dévalisa Lisa.
Lisa lisait derrière les volets
Quand voilà qu'elle voit le valet là.

Mais Lisa n'éleva pas la voix
Le valet lui versa une vodka,
Et la belle Lisa l'avala
Puis deux, puis trois et tralalala.

Et alors le valet l'enlaça,
Et Lisa dansa valse et java.
Le valet abusa de Lisa
Puis Lisa s'endorma et rêva…

Lors le valet voleur avisa,
Visant les valeurs qu'il emballa,
Mit tout dans une valise à Lisa
Et sans son visa il s'envola.

Reprise du 1
haut de page


J"VEUX PAS


Moi j'veux pas d'une vie à crédit
Qu'on rembourse toute sa vie.
Moi j'veux une vie avec du bleu,
Avec un cœur, avec des yeux,
Une vie qui chante et qui oublie,
Qu'elle est trop courte cette vie. (bis)

Moi j'veux pas d'une vie aseptique,
Qu'on vaccine et qu'on purifie,
J'veux une vie avec d'la musique
Des guitares, des rires, des envies,
Quelques larmes mélancoliques
Et un peu de tristesse aussi. (bis)







Moi j'veux pas d'une vie statique,
Qu'on pousse comme un fauteuil roulant
Mais une vie pleine de fantaisie,
Avec un peu de sentiment,
Moi j'veux une vie en plein midi,
Où on fasse pas toujours semblant. (bis)

Moi j'veux une vie donnant donnant
Soleil couchant, soleil levant,
Des yeux pour regarder le temps
Un cœur pour s'aimer très longtemps
Une vie comme un jardin d'enfants,
Où l'on soit pas toujours perdu,
Où l'on soit pas toujours perdant
haut de page
      VIOLENCE

L'orage va venir
Fait de larmes et de sang,
Eclater dans les rues,
Siffler comme un serpent,
Hurler, mordre et griffer,
Sans trêve, sans pitié,
Tuer les innocents
Et brûler les enfants.

Le ciel va tomber
Et embraser la terre,
Et tous deux vont danser
Une danse d'enfer,
Tous deux vont s'embrasser,
S'étreindre, s'enlacer,
Vieux amants retrouvés
Dans le feu, dans le fer,

Vieux amants révoltés
Pour que vivent nos frères,
Et naisse la liberté,
Et tombent les frontières.
haut de page




haut de page




haut de page




haut de page
Avertissement : les textes et les images de ce site sont protégés par copyright et ne peuvent être utilisés sans autorisation.    Dernière mise à jour : Friday 24 February 2012